Abstract :
[fr] De nombreuses recherches expérimentales réalisées dans le champ de la docimologie ont documenté les biais pouvant impacter l’évaluation d’élèves appartenant à des groupes porteurs de stéréotypes (Dutrévis, 2015). Ainsi, l’origine ethnique (Sprietsma, 2013), l’origine sociale (Rangvid, 2015 ; Autin et al., 2019) et le genre (Lafontaine & Monseur, 2009) d’un élève peuvent influencer l’évaluation de ses acquis. La pandémie du SARS-CoV-2, au-delà de ses effets sanitaires et sur la santé publique, a eu des effets considérables sur les systèmes éducatifs : les fermetures d’établissements scolaires et les mesures de confinement des populations (Hale et al., 2021) semblent avoir impacté négativement le rendement scolaire des élèves concernés (Kuhfeld et al., 2020 ; Maldonado et DeWitte, 2020 ; Santibanez et Guarino, 2021). De ce contexte résulte une génération d’élèves parfois stigmatisée, notamment dans les médias, portant le qualificatif de « sacrifiée » (Van Nieuwenhuyse, 2021). La présente recherche expérimentale met à l’épreuve l’hypothèse selon laquelle les élèves de cette génération seraient porteurs de stéréotypes qui impacteraient négativement l’évaluation des productions des élèves qui en font partie. A cette fin, une production écrite ainsi que la résolution d’un problème mathématique réalisés par un élève de grade 6 ont été soumis à l’évaluation d’un échantillon de 297 étudiants inscrits en 1re année d’enseignement universitaire. Les étudiants universitaires ont reçu les grilles de correction utilisées dans le cadre de l’évaluation externe certificative dont était issue la copie d’élève. Sur base d’un processus purement aléatoire, la moitié des étudiants ont reçu la copie attribuée à un élève dont la classe n’a pas connu de fermeture en raison de la Covid, alors que l’autre moitié de l’échantillon a reçu la même copie mais attribuée à un élève dont la classe a connu des périodes de fermeture en raison de la crise. L’ampleur des différences entre les évaluations dans chacune des conditions expérimentales conduit à confirmer cette hypothèse. Ainsi, l’élève dont la classe a connu des périodes de fermeture en raison de la pandémie s’est vu attribué de moins bonnes notes que l’élève « tout-venant ». Les ampleurs de l’effet varient entre -0.25 (production écrite) et -0.15 (résolution d’un problème). Bien que ces effets restent faibles et mériteraient d’être répliqués, leur éventuelle répétition tout au long de la scolarité des élèves pourrait avoir des effets considérables (Autin et al., 2019).
References of the abstract :
https://www.conftool.pro/sief2022/index.php?page=browseSessions&form_session=129#paperID367