Les pratiques de transition à l'entrée en école maternelle

Cette recherche identifie les tensions inhérentes à un processus de scolarisation dès l'entrée à l'école maternelle en FW-B. Elle interroge l'émergence de pratiques transitionnelles en soutien à une prise en charge holistique des enfants dans un contexte de double réforme de la formation des professionnelles de la petite enfance et de l'enseignement ainsi que de l'organisation de ces deux secteur d'activité. À partir d'un état des lieux sur un échantillon représentatif de 423 établissements scolaires complété de deux autres études à visée compréhensive dans cinq contextes, les auteurs montent les difficultés à mettre en œuvre de telles pratiques transitionnelles dans un contexte où les conditions d'accueil des jeunes enfants et de leurs parents restent peu favorables malgré les investissements politiques consentis. Ces difficultés sont également renforcées par les attentes des professionnelles vis-à-vis des enfants qui arrivent à l'école, notamment en termes de propreté et d'autonomie dans les situations informelles d'apprentissage alors que seul l'âge (36 mois) conditionne l'entrée à l'école maternelle. Comme cela à été montré en France, en Flandre et au Québec notamment, l'analyse des attentes et des pratiques montrent une séparation entre care et éducation, couplée à une subordination du care aux apprentissages scolaires. Cette analyse met en lumière des tensions entre lesquelles les professionnelles peuvent être prises dans leurs relations : avec les enfants, entre soutien et contrôle de leur expression et de leur participation ; avec les parents, vus comme ressources ou sources de problèmes ; entre collègues, avec une centration sur la relation ou sur la tâche dans la collaboration enseignant-assistant. Cette première transition constitue pourtant une période propice à la mise en place de pratiques pensées non pas "pour" mais "avec" les parents et les enfants. Pensées comme telles, ces pratiques créent les conditions favorables à une compréhension mutuelle des modes de fonctionnement de chacun (parent, enfant, professionnelle). Elle valorisent ainsi les pratiques culturelles familiales selon un processus d'ajustement mutuel et favorisent une prise en charge holistique de l'enfant dans une perspective d'educare.