L’entretien de régulation collectif pour accompagner la performance d’une équipe de football élite

Si la performance constitue un objectif majeur dans le football professionnel, le débriefing constitue un outil de choix pour optimaliser la performance des athlètes (Hogg, 1998 ; Demazière et al., 2015). Macquet et al. (2015) ont montré que des entraineurs en sports collectifs élites adoptaient autant un « leadership transactionnel » qu’un « leadership transformationnel » en fonction de la situation, du temps disponible et des athlètes sans pour autant analyser la manière dont l’entraineur et les joueurs débriefaient ensemble. Mouchet (2006) souligne à ce propos l’intérêt de mener des entretiens d’explicitations pour comprendre la subjectivité des rugbymen. Ainsi, dans cette communication, nous chercherons à répondre à la question suivante : quel est l’apport d’un débriefing de type « transformationnel » auprès d’une équipe de footballeurs élites dans la construction d’une intelligence de jeu commune ?

Concrètement, nous avons formé un entraineur de football à l’utilisation d’un entretien de régulation (Beckers, 2011) collectif (ERC) mené auprès d’une équipe de footballeurs élites afin de permettre aux joueurs d’apprendre de leur action et de leur réflexion sur cette action et aussi de s’engager dans un processus d’autorégulation. Cet ERC est exploité par l’entraineur dans une démarche cyclique comprenant l’observation des actions de jeu, l’analyse conjointe de ces actions, l’élaboration et la mise en œuvre de pistes concrètes de régulation. Les différents ERC ont été enregistrés et retranscrits. Le débriefing a été codé par deux chercheurs sur base de deux grilles : celle des principes de supervision réflexive (Schön, 1986) centrée sur l’entraineur et celle de Jorro (2005) permettant d’identifier le niveau de réflexivité des joueurs. Enfin, une analyse comparative de trois matchs officiels a été menée afin d’identifier des changements potentiels dans le comportement collectif de l’équipe suite aux pistes de régulation identifiées en ERC.

Les premiers résultats montrent que l’adoption d’une posture de supervision réflexive par l’entraineur ne va pas de soi. Le dispositif semble avoir permis à certains joueurs d’exposer leurs interprétations avec des analyses différentes des situations de jeu soulignant une mise à mal du référentiel opératif commun (Leplat, 1991) et par extension une inefficacité dans l’action. Bien que d’autres études devront venir confirmer ces résultats.