Contribution des doigts au développement des compétences numériques et arithmétiques typique et atypique

Alors que l’utilisation des doigts par les enfants fait encore l’objet de débats chez les
enseignants et les scientifiques, la présente thèse a été conduite afin de mieux comprendre
la contribution des doigts dans le développement des compétences numériques et
arithmétiques typique et atypique. L’étude des habiletés sensori-motrices (gnosies
digitales et habiletés motrices fines (HMF)) était au coeur de ce projet de thèse. Après
avoir examiné la littérature à travers deux revues narratives et une revue méthodique,
quatre recherches expérimentales ont été conduites. Les deux premiers travaux, menés
chez des enfants tout-venant âgés de 3 à 8 ans, visaient à clarifier le rôle des habiletés
sensorimotrices dans le développement des compétences arithmétiques ainsi que les
processus sous-jacents à ces relations. Entre 3 et 5 ans, nos recherches ont montré que
les HMF étaient un meilleur prédicteur des habiletés arithmétiques que les gnosies
digitales. Par ailleurs, les HMF sont liées aux compétences arithmétiques par la maitrise
des concepts cardinaux. A partir de 6 ans, ce pattern de résultats change puisque que
seules les gnosies digitales apparaissent comme étant un prédicteur significatif du
développement arithmétique. Cette relation n’est pas médiée par l’utilisation du comptage
sur les doigts. Conduites auprès d’enfants présentant un déficit moteur (TDC et IMC), les
deux dernières recherches visaient à explorer les conséquences de ces altérations
motrices sur les traitements numériques et à proposer des pistes d’intervention. Alors
qu’ils présentent des HMF déficitaires, les enfants TDC produisent des gestes de
comptage semblables à ceux d’enfants tout-venant. Ils sont davantage limités par leurs
ressources en mémoire de travail que par leur déficit moteur pour traiter des tâches
ordinales sollicitant fortement la mémoire de travail. Ce n’est que quand le déficit moteur
est très important, que le recours aux supports externes (doigts et matériel de
manipulation) semble fortement affecté. C’est le cas chez NG, un enfant IMC dont le
handicap moteur empêche l’utilisation de ces supports pour soulager sa mémoire de
travail déficitaire, lors des traitements arithmétiques. Une rééducation du calcul, ancrée
dans l’Evidence Based Practice (EBP) et conçue à partir d’un matériel adapté a été
conduite avec succès auprès de cet enfant. La présente thèse ouvre de nombreuses
perspectives pour la conduite de futures recherches à visée tant fondamentale que
clinique.