Existe-t-il un biais de l’évaluation lié à l’origine ethnique des élèves indépendant de leur origine sociale et de leur niveau de performance ?

La recherche en docimologie s’est depuis longtemps attachée à déterminer les biais impactant tout jugement évaluatif. Ainsi, par exemple l’effet de halo désigne l’influence que peuvent avoir les stéréotypes dont les élèves sont porteurs sur l’évaluation de leurs performances (Dutrévis, 2015). En éducation, s’il existe un fait bien établi, c’est le lien robuste existant entre l’origine socio-économique ou l’origine ethnique d’un élève et son rendement (Monseur & Baye, 2015). Afin de déterminer la part des phénomènes de stéréotypies entre ces facteurs et les performances scolaires, des chercheurs ont étudié l’effet de halo qui pourrait biaiser l’évaluation des performances des élèves issus de contextes de vie précaire. Ainsi, des chercheurs ont mis en évidence des biais en défaveurs des élèves défavorisés (Autin et al., 2019) et des élèves d’origine immigrée (Rangvid, 2015). Aucune recherche n’a étudié l’influence conjointe de ces deux caractéristiques. La présente recherche vise à étudier l’existence d’un biais lié à l’origine ethnique des élèves indépendamment du biais lié à leur statut socio-économique et de leur niveau de performance. Sur base d’un design expérimental, 511 étudiants ont évalué trois productions écrites : une faible, une moyenne et une forte. Chaque production a été assignée soit à un élève porteur d’un stéréotype défavorisé d’un point de vue économique (Jordan), à un élève porteur d’un stéréotype défavorisé tant du point de vue ethnique qu’économique (Ayoub) et à un élève porteur d’un stéréotype favorisé et autochtone (Lucien). Les comparaisons effectuées mettent en évidence une surévaluation des élèves qui confirment les stéréotypes positifs dont ils sont porteurs (les productions fortes attribuées à Lucien) et une sous-évaluation des élèves qui les infirment (les productions faibles attribuées à Lucien). Par ailleurs, les différences systématiques observées entre les productions attribuées à Jordan et celles attribuées à Ayoub semblent montrer de l’existence d’un effet de halo lié à l’origine ethnique indépendant de l’origine socio-économique.