Abstract :
[fr] Cette étude s’intéresse à l'utilisation des MOOCs (cours en ligne ouverts et massifs) produits à l'Université de Liège (ULiège), par des enseignants de tous niveaux confondus, durant la période du premier confinement. Celui-ci a imposé un basculement rapide à une forme d'enseignement à distance, connue aujourd'hui sous le nom de Emergency Remote Teaching (Hodges et al., 2020). Dans ce cadre, les MOOCs, proposant gratuitement de nombreuses ressources qui ont fait l'objet d'une réflexion pédagogique adaptée à l'enseignement à distance, peuvent être envisagés par les enseignants comme une aide ou une source d'inspiration. Plusieurs études ont montré que les enseignants étaient une population particulièrement active et bien représentée dans les MOOCs (Castaño Muñoz et al., 2016; Ho et al., 2014; Seaton et al., 2015). La littérature rapporte aussi des taux de complétion très élevés dans des MOOCs explicitement destinés à la formation professionnelle des enseignants (Hollebrands et Lee, 2020; Koukis et Jimoyiannis, 2018). Toutefois, l'intégration de MOOCs au sein même des cours par des enseignants extérieurs à l'institution qui les a produits reste peu documentée dans la littérature.
Notre problématique a consisté en la caractérisation du profil des enseignants inscrits aux 15 MOOCs ULiège disponibles sur la plateforme France Université Numérique (FUN) entre le 31 mars et le 30 juin 2020. Ces MOOCs abordaient des thématiques très variées, liées aux sciences de la vie, aux sciences humaines et aux sciences et techniques. Un MOOC était explicitement destiné à la formation des enseignants, dans le domaine de l'enseignement du Français Langue Étrangère. Les autres étaient davantage des MOOCs disciplinaires. Les données présentées émanent des traces numériques issues de la plateforme (progression au sein du MOOC, participation aux forums) et des données subjectives (motivation à l'inscription, utilisation ou intentions d'utilisation du MOOC…) récoltées à l’aide d’un questionnaire envoyé par mail en juin 2020 et complété par 524 enseignants.
L'analyse des traces d'apprentissage des enseignants volontaires a montré une activité au sein des MOOCs plus importante que celle de la population générale des mêmes MOOCs. Les résultats de notre étude laissent penser que les MOOCs ULiège ont servi principalement au développement professionnel des enseignants, notamment dans l’acquisition de compétences ou connaissances spécialisées liées à la discipline enseignée. L’utilisation des MOOCs au sein même des programmes de cours reste encore marginale, mais certains enseignants sondés ont manifesté l'intention d'intégrer un MOOC dans leurs cours à l'avenir.
Les utilisations des MOOCs au sein des programmes de cours semblent encore relativement rares, même dans une situation où les enseignants ont dû intégrer en urgence des ressources en ligne à leur enseignement. La pandémie semble toutefois avoir été, pour certains enseignants, une occasion de découvrir les MOOCs et d'envisager de nouvelles pratiques pédagogiques. Il semble y avoir un manque d’information et de connaissance sur les droits d’utilisation des ressources des MOOCs, ou tout simplement des barrières technologiques ou organisationnelles. Ces obstacles sont décrits dans la littérature (Israel, 2015; Seaton et al., 2015), et peuvent trouver des solutions, qui passent par une définition claire des besoins et des ressources utilisables et par une scénarisation pédagogique pour intégrer ces nouvelles ressources (Delgado Kloos et al., 2015, de Jong et al., 2020). De nouveaux supports (livres, dossiers pédagogiques) associés aux MOOCs connaissent aussi un développement et pourraient en améliorer l'accessibilité.