Quels impacts des conceptions analogiques de la pensée humaine en formation ? Une étude quasi-expérimentale sur l’efficience des apprentissages étayés par des analogies

A travers l’histoire, philosophes et scientifiques se sont succédé dans l’entreprise complexe destinée à concevoir un modèle explicatif global de la pensée humaine. A l’aube de ce siècle, de nombreux chercheurs – tels que D. Hofstadter et E. Sander (2013 ; 2014) – défendent l’idée que l’analogie est au cœur même de la cognition. Or, depuis lors de nombreuses recherches ont abouti à des résultats contrastés quant à l’efficacité de ce processus, originellement rhétorique, sur l’apprentissage (Bean, Singer & Cowen, 1985 ; Hidi, 1990 ; McDaniel & Donnelly, 1996 ; ...) ; ce qui rend nécessaire la recherche et la réflexion quant aux conditions d’efficacité des analogies sur des variables dépendantes telles que la mémorisation, la compréhension et le transfert. Notre étude quasi-expérimentale part du postulat que la distance sémantique qu’une analogie entretient entre sa source et sa cible est le déterminant de son efficacité pédagogique. Elle met à l’épreuve cette hypothèse en comparant les résultats obtenus par des étudiants de la fin du secondaire général à des questions ouvertes relatives à la compréhension, la mémorisation et le transfert d’un concept qui leur a été présenté sur base d’un matériel textuel étayé soit par une reformulation, soit par un exemple, soit par différentes analogies qui se distinguent de par leur distance sémantique. Nos résultats semblent montrer une supériorité de l’analogie distale – analogie qui entretient une distance sémantique forte entre sa cible (issue d’un domaine spécifique) et sa source (issue d’une expérience de la vie de tous les jours) – sur les documents traditionnels de cours. Les analogies entretenant des distances sémantiques moins éloignées entre leur cible et leur source ne semblent pas différer des documents traditionnels de cours en termes d’efficacité sur les apprentissages.