Abstract :
[fr] Aujourd’hui de nombreuses publications scientifiques et professionnelles soulignent l’importance des compétences professionnelles pour accueillir de jeunes enfants (Urban et al., 2011). Elles sont relayées par une série d’organismes internationaux tels que l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OECD, 2012) et la Commission Européenne (European Commission, 2014). Elles reconnaissent la complexité d’une activité qui a très longtemps reposé sur des qualités présupposées féminines alors qu’elle fait appel en réalité à des savoirs pluridisciplinaires de haut niveau, évolutifs, mobilisables en fonction de la singularité des situations et amenant les professionnel-le-s à gérer des dilemmes éthiques. Elles relèvent l’importance d’assurer un niveau et une orientation adéquats de la formation ainsi que des conditions statutaires et de travail à la hauteur des exigences du métier, en cohérence avec les conditions de professionnalisation octroyées aux autres professionnel-le-s de l’éducation, en particulier les enseignant-e-s préscolaires. En Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), région pionnière dans l’élaboration et l’accompagnement de curriculums pédagogiques (Pirard 2013 ; 2014) qui font transparaître une dimension psychoéducative des services d’accueil dans un secteur marqué historiquement par le poids d’une tradition hygiéniste, il n’existe paradoxalement aucune formation de niveau supérieur spécifique à l’accueil de l’enfance. Ce rapport de recherche financé par l’Office de la Naissance et de l’Enfance vise à mieux définir les compétences nécessaires pour l’accueil des enfants de 0 à 12 ans en dehors de l’enseignement ainsi que pour les fonctions d’encadrement et de direction. Il propose une série de principes et de recommandations pour une réforme des formations initiales et des conditions nécessaires à un développement professionnel continu en FWB. Pour ce faire, il s'appuie sur une démarche de recherche participative qui a impliqué différents acteurs de l'accueil, de la formation et de l'enseignement qui ont eu l'occasion de se décentrer des réalités locales et de découvrir d’autres systèmes éducatifs et de formation européens : la France, dont la formation d’éducateurs de jeunes enfants est largement reconnue sur la scène internationale (François et al., 2014) ; la Flandre, où un bachelier développant des compétences d’accueil pour les enfants de 0 à 12 ans et de coaching pour les professionnel-le-s a été créé en 2011 (François et al., 2015) ; l’Angleterre, où une série de réformes des services d’accueil et de la formation ont été initiées dès la fin des années 90 (Pools et al., 2015a) et enfin la Suède, caractérisée par une offre intégrée de services universels et un système de formation cohérent pour l’ensemble des professionnel-le-s orientés vers un educare qui combine soin et éducation (Pools et al., 2015b).