Abstract :
[fr] La thèse de doctorat porte sur la démocratie participative locale au travers d’une étude empirique approfondie menée dans la Commune d’Esneux (Belgique). Cette recherche a permis de concevoir et mettre en œuvre des dispositifs participatifs en lien avec des politiques publiques d’aménagement urbain en impliquant étroitement des représentant·es politiques, des fonctionnaires locaux·les, des citoyen·nes et des chercheur·ses.
Dans ce cadre, la thèse propose une réflexion sur les pratiques participatives institutionnelles et expérimentales, mobilisant une approche scientifique qualifiée de « co-productionniste », « relationnelle » et « émergente ». Le design institutionnel vise à encadrer les dispositifs participatifs par des règles formalisées (par exemple sur la sélection des participant·es, la méthode, le temps attribué), offrant une plus grande maitrise des démarches. À l’inverse, le design expérimental valorise l’incertitude des résultats et la flexibilité des processus, tout en maintenant un contrôle sur les méthodes mobilisées. Trois pratiques participatives sont étudiées pour illustrer ces deux conceptions de la participation : la Charte des Comités de quartier, qui traduit une volonté de formaliser le fonctionnement entre les pouvoirs publics locaux et des collectifs citoyens, ainsi que deux expérimentations participatives mises en œuvre dans le cadre du réaménagement du centre d’Esneux et de la réhabilitation des Prés de Tilff. Ces expérimentations proposent des méthodes innovantes de participation et introduisent des formes de participation en marge des pratiques courantes des pouvoirs publics locaux.
La recherche doctorale est une contribution originale aux sciences politiques et aux science and technology studies (STS) qui démontre l’importance de l’espace et du temps pour penser et organiser la démocratie participative locale. Au croisement de ces disciplines, elle éclaire les dynamiques et les interconnexions entre les quatre composantes d’une pratique participative (publics-objet-formats-lieu), mais aussi le lien qui existe entre cette pratique et son « écologie de la participation ». Cette dernière notion met en évidence les interconnexions entre les dispositifs participatifs et leur environnement social, politique et institutionnel plus large. La thèse souligne que la participation est toujours « située », en ce qu’elle se trouve au cœur d’un lieu géographique particulier et de multiples temporalités. Elle aborde également les tensions, les stratégies d’adaptation et les rapports de force entre des représentant·es politiques élu·es et les professionnel·les de la participation externes à l’administration publique. Ces acteur·rices, aux ressources, aux intérêts et aux logiques d’action différenciés, doivent composer ensemble pour construire une culture participative locale orientée vers l’intérêt général.
[en] The doctoral thesis focuses on local participatory democracy through an in-depth empirical study conducted in the municipality of Esneux (Belgium). This research has enabled the design and implementation of participatory mechanisms in relation to public urban development policies, closely involving political representatives, local officials, citizens, and researchers.
In this context, the thesis offers a reflection on institutional and experimental participatory practices, using a scientific approach described as “co-productionist,” “relational,” and “emergent.” Institutional design aims to regulate participatory mechanisms through formalized rules (e.g., on the selection of participants, the method, the time allocated), offering greater control over the processes. Conversely, experimental design values the uncertainty of results and the flexibility of processes, while maintaining control over the methods used. Three participatory practices are studied to illustrate these two concepts of participation: the Charter of Neighborhood Committees, which reflects a desire to formalize the functioning of local public authorities and citizen collectives, as well as two participatory experiments implemented as part of the redevelopment of the center of Esneux and the rehabilitation of the Prés de Tilff. These experiments propose innovative methods of participation and introduce forms of participation that go beyond the usual practices of local authorities. The doctoral research is an original contribution to political science and science and technology studies (STS), demonstrating the importance of space and time in thinking about and organising local participatory democracy. At the intersection of these disciplines, it sheds light on the dynamics and interconnections between the four components of participatory practice (publics-object-formats-place), as well as the link between this practice and its “ecology of participation”. The latter concept highlights the interconnections between participatory mechanisms and their broader social, political and institutional environment. The thesis emphasises that participation is always “situated”, in that it is located at the heart of a particular geographical place and multiple temporalities. It also addresses the tensions, adaptation strategies and power relations between elected political representatives and participation professionals outside the public administration. These actors, with their different resources, interests and rationales for action, must work together to build a local participatory culture oriented towards the general interest.
Jury member :
Reuchamps, Min; UCL - Université Catholique de Louvain > Faculté ESPO
Bherer, Laurence; UdeM - Université de Montréal > Département de Science politique
Jacquet, Vincent; UNamur - Université de Namur > Département des sciences sociales, politiques et de la communication