Comment les dispositifs participatifs clivent-ils l’arène parlementaire ?

Dans un contexte de crise de la représentation politique et de méfiance des citoyens envers les institutions, différents acteurs défendent une démocratisation de nos systèmes représentatifs.

Les revendications d’institutionnalisation de processus participatifs et de mise en place d’expériences basées sur le tirage au sort se développent largement dans le cadre francophone en France et en Belgique, dans le sillage des expériences du G1000 dès 2011 et du mouvement des Gilets jaunes dès 2018.

Ces revendications de démocratie participative ont trouvé écho dans le monde politique, acteur incontournable pour modifier concrètement les institutions représentatives.

Pour comprendre les potentialités d’institutionnalisation de processus participatifs réformant radicalement la démocratie représentative, le passage par le parlement est un moment obligatoire. Il est donc essentiel de comprendre comment les dispositifs participatifs clivent l’arène parlementaire.

Qui sont les parlementaires portant ces processus participatifs ? Qui sont leurs ennemies ? L’institutionnalisation du tirage au sort fait-elle apparaitre de nouveaux clivages politiques au sein des assemblées élues ?

L’objectif de cette contribution est de proposer une analyse des travaux parlementaires relatifs à l’institutionnalisation du tirage au sort en Belgique afin de comprendre comment les élus se saisissent de ces dispositifs, se les réapproprient pour (re)définir le concept de démocratie afin de défendre ou de s’opposer à l’extension de la participation citoyenne.

Il est en effet essentiel de comprendre les rapports de force politiques se formant autour de ces dispositifs et les arguments des différents partis pour défendre ou s’opposer à la participation citoyenne.

Les majorités parlementaires soutenant l’institutionnalisation du tirage au sort sont-elles larges ou fragiles ? S’inscrivent-elles dans des clivages idéologiques ou sont-elles stratégiques et reposent principalement sur un rapport de force entre majorité et opposition ?

La présence de partis d’extrême droite freine-t-elle l’institutionnalisation du tirage au sort ou, à l’inverse, ces partis voient-ils dans le tirage au sort un moyen de mettre certains sujets à l’agenda ?

Dans cette contribution, je m’intéresse aux travaux parlementaires belges développés lors de la dernière décennie. Je m’intéresse aux débats de différentes assemblées législatives directement élues ayant mis en place ou discuté de l’institutionnalisation de dispositifs participatifs ( Parlement bruxellois, Parlement wallon, Chambre des représentants et Sénat).

Les différents degrés d’aboutissements de ces propositions et la variabilité de représentations de partis d’extrême droite dans ces différents parlements permettront ainsi de comprendre les freins et les conditions de possibilité pour construire des majorités parlementaires favorables à une réforme radicale de la démocratie représentative par le tirage au sort.