Quand l'étudiant·e se compare à la norme – analyse phénoménographique de l'expérience de la dimension comparative d'une auto-évaluation formative

Toute pratique d'auto-évaluation formative, lors de laquelle il est demandé à un·e étudiant·e d'évaluer la qualité de sa propre production par rapport à une norme – la "bonne" réponse ou des critères de qualité fournis par l'enseignant·e – engendre nécessairement une opération cognitive de comparaison dans le chef des étudiant·e·s (Nicol, 2021). En effet, ceux-ci sont amenés à auto-évaluer la qualité de leur réponse en jugeant de l'écart entre celle-ci et celle fournie par l'enseignant·e. Si la tâche peut a priori sembler d'une simplicité confondante, elle révèle en fait des enjeux cruciaux pour les étudiant·e·s : quelle est l'"essence" de la bonne réponse, qu'il est impératif d'avoir saisi ? Quel "écart" avec la norme est-il tolérable ? Comment translittérer l'évaluation de la qualité de sa réponse en une note chiffrée ?
Dans le but d'investiguer la façon dont est vécue une telle activité pédagogique comparative par les étudiant·e·s, nous présentons ici une analyse phénoménographique (Marton, 1981) d'un dispositif pédagogique consistant en une auto-évaluation formative facultative dans le cadre d'un cours d'informatique dispensé en troisième année de bachelier en sciences de l'ingénieur. Le matériau empirique sur lequel se base l'analyse est constitué de cinq entretiens semi-directifs réalisés avec des étudiant·e·s ayant participé à l'activité, l'observation in situ de celle-ci ainsi que d'un entretien semi-directif avec l'enseignant l'ayant élaborée. L'analyse vise de cette façon à investiguer, grâce à la production d'un outcome space (Åkerlind, 2005), les points communs et les variations de cette expérience telle que vécue par les étudiant·e·s.