Abstract :
[fr] Le langage oral est largement reconnu comme étant un facteur clé de la réussite sociale et scolaire de la vie future du jeune enfant. Le soutenir chez chacun dès le plus jeune âge revêt une importance sociétale considérable. Pour ce faire, l’école maternelle représente un lieu propice puisqu’elle est largement fréquentée par les enfants dès leur plus jeune âge. Ceci laisse aux personnes enseignant en maternelle la possibilité de s’engager dans des interactions de qualité susceptibles de soutenir précocement les habiletés langagières. Cependant, les études internationales tendent à démontrer que la qualité des interactions pourrait être augmentée afin de favoriser au maximum le développement langagier.
Dans ce contexte, ce projet doctoral a comme premier objectif d’établir un état des lieux de la qualité des interactions (soutien émotionnel, organisation de la classe et soutien à l’apprentissage) dans un échantillon d’écoles maternelles belges francophones. Le deuxième objectif poursuivi dans ce travail est d’identifier les paramètres exerçant la plus grande influence sur ce niveau de qualité des interactions. Toujours dans cette optique de comprendre les paramètres susceptibles d’influencer le soutien langagier offert grâce à des interactions de qualité, le troisième objectif est d’estimer le niveau de connaissances des personnes enseignantes sur le développement langagier. Enfin, le quatrième objectif est d’étudier comment les pratiques de soutien langagier peuvent être augmentées dans les classes de maternelle.
Les résultats mettent tout d’abord en évidence des scores moyens de qualité moyenne-élevée pour le soutien émotionnel et l’organisation de la classe et des scores moyens de qualité faible au soutien à l’apprentissage. Étant donné que les pratiques associées à ce dernier domaine favorisent fortement le développement langagier, ces résultats suggèrent une utilisation moins fréquente de stratégies de soutien langagier dans les interactions. Ceci s’est confirmé par d’autres analyses plus approfondies dans cette thèse. De plus, malgré des scores moyens de qualité très satisfaisante pour le soutien émotionnel, il existe des associations positives entre le soutien émotionnel et le niveau socio-économique global des enfants. Ceci signifie que les enfants issus de milieux plus défavorisés, ayant souvent besoin de plus d’interactions émotionnellement soutenantes, tendent à en bénéficier de moins.
Ces résultats témoignent de l’intérêt d’accompagner les personnes enseignantes pour soutenir le développement langagier de chaque enfant. Sur la base de ces constats, un dispositif collaboratif entre logopèdes et personnes enseignantes a été implémenté et étudié. Les analyses menées révèlent l’efficacité de celui-ci en démontrant une augmentation significative et importante des interactions soutenantes pour le développement langagier. Toutefois, cette augmentation est limitée à l’activité spécifique du dispositif, ce qui questionne sur la possibilité de généraliser ces pratiques de soutien langagier à l’ensemble des activités quotidiennes propres aux classes de maternelle.
Selon ces résultats, plusieurs pistes de réflexion sont finalement proposées. Ces recommandations visent tant l’axe scientifique que sociétal et s’adressent aux chercheurs, aux politiques et aux acteurs de terrain de la maternelle.