Abstract :
[fr] Depuis plusieurs années, la recherche portant sur les pratiques de feedback dans l’enseignement supérieur pointe une efficacité pour le moins limitée (Boud & Molloy, 2013 ; Price et al., 2010). Une manière de dépasser ce constat a été de changer quelque peu le regard porté sur le feedback en lui-même (Lipnevich & Panadero, 2021). Plutôt qu’une information, d’aucuns soutiennent qu’il s’agit en réalité du processus qui consiste à donner sens à cette information et à l’utiliser pour ajuster ses stratégies d’apprentissage (Carless & Boud, 2018).
Cette façon d’appréhender le feedback est aujourd’hui sujette à débats (Lipnevich & Panadero, 2021). Nous y voyons comme intérêt le fait de mettre en évidence l’étudiant, en tant qu’agent principal du traitement de l’information qui lui est donnée, qu’il a obtenue, ou qu’il a lui-même produite. Dans cette logique, Carless et Boud (2018) ont développé le concept de « Student Feedback Literacy », qui postule l’existence de quatre aptitudes que les étudiants devraient maitriser pour tirer le meilleur parti des informations relatives à leurs performances. Parmi ces aptitudes, la gestion des affects et plus particulièrement le maintien d’un équilibre émotionnel sont mentionnés, sans guère plus de détails.
Cette absence d’explications précises sur la nature des émotions associées aux situations de feedback nous est apparue comme le symptôme d’une compréhension pour le moins limitée du processus émotionnel dans ce contexte. Nous avons alors entrepris de mieux comprendre (1) quelles émotions intervenaient dans ces moments particuliers, comment, en fonction de quels facteurs, et (2) comment les étudiants pouvaient effectivement gérer celles-ci de façon fonctionnelle du point de vue des apprentissages. Cette communication traite ainsi d’une étude qualitative réalisée par théorisation ancrée (Lejeune, 2019), à partir d’entretiens réalisés avec 12 étudiants inscrits dans notre institution.