Évolution des iniquités sociales, ethniques et langagières dans les trois communautés belges

À l’aide des données PISA de 2000 à 2018 et TALIS 2018, cette étude a examiné l’évolution des inégalités sociales, ethniques et langagières dans les trois régions (communautés) belges. Les trois systèmes éducatifs figurent parmi les plus inéquitables, tant pour les élèves défavorisés sur le plan socio-économique que pour les élèves immigrés. Cependant, les trois communautés belges sont confrontées à des contextes et des problèmes différents en ce qui concerne la population immigrée, ce qui implique que les problèmes d’inégalité doivent être étudiés au niveau communautaire. L’étude a montré que dans les communautés francophones et amandes, l’interaction entre le statut socio-économique et le statut d’immigrant est indicative, ce qui signifie qu’en moyenne, les élèves immigres ne bénéficient pas de la contribution d’un statut socio-économique plus élevé dans la même mesure que les élèves autochtones. Jusqu’en 2015, cet effet d’interaction est plus important en Flandre, ce qui montre que l’origine sociale et l’origine migratoire interagissent différemment dans les deux communautés. De plus, en Fédération Wallonie-Bruxelles, au cours des différents cycles PISA, l’écart de performance entre les élèves natifs et non natifs après contrôle du statut socio-économique se réduit. L’écart reste plus important en Flandre. Il semble donc que la discrimination systémique agisse dans une plus large mesure dans la partie amande que dans la partie francophone du pays. La question de la migration dans la communauté germanophone est analysée séparément car cette zone frontalière présente un modèle atypique et accueille un nombre d’élèves allemands dont le niveau socio-économique est supérieur à celui des élèves autochtones. Enfin, cette étude a posé la question de la distance potentiellement croissante entre la manière dont le statut migratoire est mesure dans PISA et la réalité culturelle et langagière des familles. Ce questionnement méthodologique s’est étendu aux pays frontaliers de la Belgique, lesquels ont aussi, bien qu’en proportions diverses, une population immigrée de longue date.