Abstract :
[fr] Au Cameroun, l’école est la garante de la politique du bilinguisme officiel qui vise à faire de tous les citoyens camerounais des individus parfaitement bilingues, afin de garantir leur intégration sur l’ensemble du territoire national. Les élèves anglophones apprennent donc le français, leur deuxième langue officielle (LO2), comme toutes les autres disciplines, tout au long de leur cursus secondaire. En classes terminales, l’un des objectifs prioritaires de l’enseignement de la LO2 (French) est de préparer les élèves à intégrer les milieux universitaires et/ou socioprofessionnels majoritairement implantés en zone francophone. Néanmoins, dans ce contexte, l’atteinte des objectifs scolaires du bilinguisme constitue une problématique imputable à de nombreuses inadéquations inhérentes au sous-système éducatif anglophone. C’est dans cette optique que nous nous sommes demandé comment allier « objectifs scolaires du bilinguisme » et « méthodologie de l’enseignement du French» pour une préparation effective de notre public cible à son intégration dans son milieu de vie au sortir du secondaire. Ainsi, nous avons inscrit cette étude dans le champ épistémologique de la didactique du français langue étrangère, domaine disciplinaire qui fait de la connaissance des publics le point de départ de tout projet de formation en langues étrangères. Ceci dit, nous défendons la thèse selon laquelle la prise en compte des besoins réels des principaux acteurs devrait constituer l’étape préalable à la mise au point des projets de réforme tels la réforme du système éducatif et par ricochet, des programmes de formation que connaît actuellement l’éducation au Cameroun.
Ayant constaté que l’environnement sociolinguistique où se déroulent l’enseignement et l’apprentissage du French n’est pas sans conséquence directe sur la mise en application du bilinguisme scolaire, nous avons jugé nécessaire de comprendre les politiques linguistique et éducative du milieu d’étude. Ainsi, dans la première partie de ce travail, il convenait de s’interroger sur le mode d’emploi réel des langues officielles, particulièrement en ce qui concerne l’usage de la langue française dans la société camerounaise ; de comprendre la problématique de la formation bilingue au Cameroun ; de questionner la place des langues maternelles à l’école ; d’analyser les failles du sous-système éducatif anglophone en matière d’enseignements des langues officielles ; et enfin, de mener une réflexion didactique sur les programmes de français II. Dans la deuxième partie de ce travail, nous avons mis en exergue l’importance de la prise en compte des caractéristiques des principaux acteurs de la salle de classe dans l’élaboration des programmes de formation. Les profils de ces acteurs étant absents des directives institutionnelles, nous les avons questionnés pour mettre leurs caractéristiques au grand jour. Pour ce faire, nous avons mené une enquête de terrain dans les deux régions qui constituent la zone anglophone (Nord-Ouest et Sud-Ouest) et, dans une région de la zone francophone (Centre). La récolte des données s’est faite par le biais de deux questionnaires (un pour les enseignants et un pour les élèves en classes terminales) et d’une grille d’observation des pratiques de classe. La méthode utilisée est l’analyse quantitative et descriptive des données statistiques. À travers la discussion des résultats obtenus sur la terrain d’enquête, nous avons validé l’hypothèse générale émise au départ, stipulant qu’il y a actuellement une inadéquation entre les objectifs scolaires du bilinguisme et la méthodologie mise en œuvre pour les atteindre en classes terminales du sous-système éducatif anglophone. À travers cette démonstration, nous avons tout simplement touché du doigt la réalité selon laquelle l’atteinte des objectifs visés dans le cadre du bilinguisme ne peut se faire sans avoir établie, au préalable, les besoins réels des principaux acteurs de la salle de classe.