Abstract :
[fr] Dans les années 1960 et 1970 plusieurs essais philosophiques sur la vieillesse ont
paru au sein de la tradition existentialiste française. On citera entre autres André Gorz,
Jean Améry, Simone de Beauvoir et Sartre lui-même, qui consacre à ce thème de longs
développements dans le premier tome de L’Idiot de la famille. Plusieurs ouvrages de
Max Frisch semblent autoriser qu’on ajoute l’écrivain à cette liste. Nous pensons, en
particulier, au Journal 1966-1971, à Triptyque et à L’Homme apparaît au Quaternaire,
mais aussi au journal de 1982, resté à l’état de fragment et récemment publié sous le
titre Entwürfe zu einem dritten Tagebuch. Ce faisant, nous ne souhaitons pas simplement
inscrire, si c’était nécessaire, Frisch dans une certaine tradition philosophique.
Nous souhaitons plutôt mettre en évidence une thématique peu étudiée dans la tradition
existentialiste et utiliser l’écrivain suisse comme un point de problématisation de cette
tradition à laquelle il fut sans conteste attentif. Nous commencerons par rappeler la
critique sartrienne de l’être-pour-la-mort et l’obstacle que cette critique oppose en apparence
à une réflexion positive sur le thème de la vieillesse ou du vieillissement, avant
d’envisager la manière originale dont Max Frisch a joué en virtuose de ces contraintes
théoriques pour élaborer L’Homme apparaît au quaternaire. Nous montrerons, en particulier,
pourquoi et comment Frisch récrit trois poèmes célèbres de Ponge, « Pluie »,
« Le lézard » et « La chèvre », sur la base de l’existentialisme humaniste de Sartre et de
l’interprétation que le premier Sartre avait donnée de l’oeuvre du poète dans son article
sur « L’homme et les choses ».
Title :
L'Homme apparaît au quaternaire, ou le vieil homme et les choses. Dialogue entre Frisch, Sartre et Ponge