Doctoral thesis (Dissertations and theses)
Vieillir est-il devenu une maladie ? La (bio)médicalisation du vieillissement et ses effets sur les représentations sociales et les pratiques professionnelles
Crutzen, Coline
2025
 

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Abstract :
[en] Over the past forty years, aging—and particularly cognitive aging—has been increasingly subject to processes of (bio)medicalization. Rather than being understood as a natural, heterogeneous, and multidimensional process that encompasses dynamics of growth, maintenance, and decline, aging has gradually been reduced to a medical narrative centered on deterioration and pathology. The transformation of senility into Alzheimer’s disease exemplifies this shift: what was once considered an ordinary stage of old age has become a medical problem requiring urgent treatment in the context of demographic aging. This PhD thesis builds on critical scholarship in medical sociology and gerontology, which highlights the effects of the (bio)medicalization of aging on social representations and professional practices. The aim of this research is to examine the social construction of aging as a medical problem and to better understand the practical repercussions of (bio)medicalization—whether on how older people are perceived, on their environments, or on the development of interventions directed toward them. The first theoretical section provides an in-depth analysis of the mechanisms and effects of (bio)medicalization, four of which were the focus of particular attention through five empirical studies. The first effect concerns perceptions of aging and ageism in society. The dominance of a biomedical model centered on decline tends to stigmatize older adults and reinforce ageism, especially among health professionals whose training often rests on a pathophysiological approach to aging. The first study compared perceptions of older adults between health professionals and the general public, highlighting the stereotypical biases shaped by the medical framework. The second effect is reflected in the medicalization of older people’s environments. The integration of medical devices and equipment transforms living spaces into care settings, with the white coat becoming a symbol of this transformation. Two studies explored this medicalized practice. A narrative review synthesized the effects of wearing a white coat when interacting with older adults, while an experimental study examined how such attire influences public perceptions of older people. These studies demonstrate that the simple act of wearing a white coat can reinforce the relational asymmetry between caregiver and care recipient. The third effect concerns the stigma associated with Alzheimer’s disease. Diagnostic labeling contributes to the formation of negative representations, eliciting stigmatizing emotional and behavioral reactions. One study assessed public perceptions of different diagnostic labels, revealing the ambivalent effects—both protective, sometimes paternalistic, and stigmatizing—of the label “Alzheimer’s disease.” The fourth effect is manifested through the uneven allocation of resources, with priority given to biomedical and pharmacological research at the expense of psychosocial initiatives for people living with dementia and their caregivers. A fifth study assessed the impact of training programs for health professionals on the individualized support of family caregivers, underlining the contribution of non-pharmacological interventions in rebalancing practices. Taken together, these findings show that while the (bio)medicalization of aging offers certain therapeutic, social, and financial benefits, it also tends to confine older adults within stereotyped representations, to structure interactions along hierarchical lines, and to limit the development of alternative forms of support. Critiquing this process does not imply a wholesale rejection of the biomedical approach but rather calls for a rebalancing that integrates biomedical perspectives alongside psychological, social, and environmental ones. This PhD thesis argues for a (partial) demedicalization of aging at both conceptual and practical levels. The development of psychosocial interventions, the inclusion of older adults in research, and the reorganization of institutional environments represent key levers for moving beyond an exclusively medical framework. By promoting a biopsychosocial approach, this work invites a rethinking of the culture of aging beyond biomedical dominance, in order to valorize the plurality of experiences and narratives of later life.
[fr] Au cours des quarante dernières années, le vieillissement, et notamment le vieillissement cognitif, a fait l’objet d’un processus croissant de (bio)médicalisation. Plutôt que d’être envisagé comme un processus naturel, hétérogène et multidimensionnel, intégrant des dynamiques de croissance, de maintien et de perte, le vieillissement a été progressivement réduit à un récit médical centré sur le déclin et la pathologie. La transformation de la sénilité en maladie d’Alzheimer illustre de manière emblématique ce glissement : ce qui relevait autrefois d’une étape ordinaire du grand âge devient un problème médical à traiter urgemment au regard du contexte de vieillissement démographique. Cette thèse s’inscrit dans la lignée des travaux critiques en sociologie médicale et en gérontologie, qui mettent en lumière les effets de la (bio)médicalisation du vieillissement sur les représentations sociales et les pratiques professionnelles. L’objectif de ce travail est d’examiner la construction sociale du vieillissement en tant que problème médical et de mieux comprendre les répercussions pratiques de cette (bio)médicalisation, que ce soit sur la perception des personnes âgées, sur leur environnement ou sur le développement des interventions à leur égard. Une première partie théorique développe en profondeur les mécanismes de la (bio)médicalisation ainsi que ses effets, dont quatre ont fait l’objet d’une attention particulière à travers cinq études. Le premier effet concerne la perception du vieillissement et l’âgisme dans notre société. La dominance d’un modèle biomédical, centré sur le déclin, tend à stigmatiser les personnes âgées et à renforcer l’âgisme, particulièrement chez les professionnels de la santé souvent formés à partir d’une approche physiopathologique du vieillissement. Une première étude a comparé la perception des personnes âgées entre professionnels de la santé et population générale, mettant en évidence les biais stéréotypés induits par le cadre médical. Le second effet se manifeste dans la médicalisation de l’environnement des personnes âgées. L’intégration d’objets et de dispositifs médicaux transforme les espaces de vie en lieux de soins, et le port de la blouse blanche devient un symbole de cette transformation. Deux études ont exploré cette pratique médicalisée. Une revue narrative a permis de synthétiser les effets du port de la blouse blanche avec un public âgé. Une étude expérimentale a, quant à elle, exploré l’influence de cette tenue sur la perception des personnes âgées par le public. Ces travaux montrent que le simple port de la blouse blanche peut renforcer l’asymétrie relationnelle soignant-soigné. Le troisième effet concerne la stigmatisation associée à la maladie d’Alzheimer. L’étiquette diagnostique contribue à la formation de représentations négatives, induisant des réactions émotionnelles et comportementales stigmatisantes. Une étude a évalué la perception du public face à différentes étiquettes diagnostiques, révélant les effets ambivalents (à la fois protecteurs, voire paternalistes, et stigmatisants) de l’étiquette « maladie d’Alzheimer ». Le quatrième effet se manifeste à travers l’allocation déséquilibrée des ressources, privilégiant la recherche biomédicale et pharmacologique au détriment des dispositifs psychosociaux destinés aux personnes vivant avec une démence et à leurs proches. Une cinquième étude a évalué l’impact de formations destinées aux professionnels de la santé sur l’accompagnement individualisé des proches aidants, soulignant l’apport des interventions non pharmacologiques dans la perspective d’un rééquilibrage des pratiques. Ces travaux montrent que la (bio)médicalisation du vieillissement, bien qu’offrant certains avantages thérapeutiques, sociaux et financiers, tend également à enfermer les personnes âgées dans des représentations stéréotypées, à structurer des interactions hiérarchisées et à limiter le développement d’autres formes d’accompagnement. La critique de ce processus ne vise pas à rejeter entièrement l’approche biomédicale, mais à promouvoir un rééquilibrage, en l’intégrant aux côtés d’autres perspectives : psychologiques, sociales et environnementales. La thèse plaide pour une démédicalisation (partielle) du vieillissement à un niveau conceptuel et pratique. Le développement d’interventions psychosociales, l’inclusion des personnes âgées dans la recherche et la réorganisation des environnements institutionnels constituent autant de leviers pour dépasser le cadre essentiellement médical. En favorisant une approche biopsychosociale, nous invitons à repenser la culture du vieillissement au-delà de la dominance biomédicale afin de valoriser la pluralité des expériences et des récits de vieillesse.
Research Center/Unit :
ARCH - Adaptation, Résilience et CHangement - ULiège
Disciplines :
Social & behavioral sciences, psychology: Multidisciplinary, general & others
Author, co-author :
Crutzen, Coline  ;  Université de Liège - ULiège > Adaptation, Résilience et CHangement (ARCH)
Language :
French
Title :
Vieillir est-il devenu une maladie ? La (bio)médicalisation du vieillissement et ses effets sur les représentations sociales et les pratiques professionnelles
Alternative titles :
[en] Has Aging Become a Disease? The (Bio)medicalization of Aging and Its Effects on Social Representations and Professional Practices
Original title :
[fr] Vieillir est-il devenu une maladie ? La (bio)médicalisation du vieillissement et ses effets sur les représentations sociales et les pratiques professionnelles
Defense date :
24 October 2025
Number of pages :
267
Institution :
ULiège - Université de Liège [Faculté de Psychologie, Logopédie et Sciences de l’Éducation], Liège, Belgium
Degree :
Docteure en Sciences Psychologiques
Promotor :
Adam, Stéphane  ;  Université de Liège - ULiège > Département de Psychologie > Psychologie de la sénescence et du vieillissement
President :
Willems, Sylvie  ;  Université de Liège - ULiège > Psychologie et Neuroscience Cognitives (PsyNCog)
Secretary :
Faulx, Daniel ;  Université de Liège - ULiège > Département des Sciences de l'éducation > Apprentissage et formation continue des adultes
Jury member :
Juillerat Van der Linden, Anne-Claude;  UNIGE - Université de Genève > Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education
Somme, Dominique;  Université de Rennes > Sciences humaines et sociales > ARENES UMR 6051 - Unité mixte de recherche en sciences humaines et sociales
Available on ORBi :
since 18 September 2025

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