Abstract :
[fr] Aujourd’hui, nous disposons d’une compréhension approfondie de la rumination mentale chez l’adulte, tant sur le plan conceptuel qu’empirique. En revanche, il reste difficile de savoir quand et comment ce mode de pensée se développe pour devenir un style cognitif stable. Ce manque de clarté est d’autant plus notable que l’on sait désormais que les enfants et les adolescents, au même titre que les adultes, sont susceptibles de ruminer (Weaver et al., 2020).
Pour mieux comprendre ce phénomène et envisager des stratégies de prévention, il est crucial d’identifier les facteurs de risque précoces susceptibles de favoriser la consolidation de ce style cognitif, afin d’agir en amont et d’éviter qu’il ne devienne persistant à l’âge adulte. Parmi ces facteurs, les pratiques parentales occupent une place centrale dans plusieurs travaux (Castro et al., 2023). Toutefois, les résultats sont hétérogènes : l’association entre pratiques parentales et rumination varie selon le type de pratiques mesurées, et cette variabilité pourrait s’expliquer par la diversité des définitions et modèles théoriques utilisés. Cette incertitude justifie une exploration approfondie, en prenant en compte des variables intermédiaires telles que l’auto-critique, qui pourrait jouer un rôle médiateur dans cette relation.
En parallèle, la dimension du genre comme facteur de risque dans l’émergence de la rumination à l’enfance fait l’objet de résultats contradictoires (Rood et al., 2009). En effet, si les différences de genre sont bien établies à l’âge adulte, notamment avec une prévalence plus élevée de la rumination chez les femmes, les résultats sont plus nuancés en ce qui concerne l’enfance. Plusieurs études (Espinosa et al., 2022 ; Shaw et al., 2019 ; Van et al., 2020) suggèrent l’absence de différence significative entre filles et garçons avant l’adolescence, laissant supposer que cette différence apparait à la puberté. Néanmoins, ce point reste débattu, ce qui rend pertinent d’examiner le genre comme variable modératrice dans l’étude des facteurs de risque de la rumination chez l’enfant.
Dans ce contexte, la présente étude exploratoire vise à mieux comprendre l’impact des pratiques parentales sur la rumination mentale chez l’enfant, tout en considérant l’auto-critique comme médiateur potentiel et le genre comme modérateur possible de cette relation.