La prosocialité limitée chez l'enfant d'âge préscolaire - De la conceptualisation à la clinique

La présence de traits callous-unemotional ou prosocialité limitée chez l’enfant constitue un facteur de risque majeur pour l’engagement sur une trajectoire antisociale sévère et persistante. La prosocialité limitée correspond à un ensemble de signes émotionnels et comportementaux tels que le manque d’empathie affective, le manque de culpabilité et le manque de comportements prosociaux et a été incluse dans le DSM-5 en 2013 en tant que spécification du trouble des conduites. Son étude chez le jeune enfant est en plein essor et vise à mieux comprendre le phénomène ainsi qu’à développer des programmes de prévention et d’intervention adaptés en vue d’influer positivement sur la trajectoire développementale de l’enfant de façon précoce.
Dans ce contexte, les psychologues cliniciens sont en première ligne pour identifier et intervenir auprès de l’enfant et sa famille. Cependant, les recherches disponibles ne répondent pas entièrement aux besoins de la psychologie clinique concernant les dimensions subjectives et contextuelles de cette manifestation psychopathologique.
Cette thèse vise à informer les trois dimensions de la psychologie clinique que sont la compréhension, l’évaluation et l’intervention concernant la prosocialité limitée chez l’enfant d’âge préscolaire.
À cet effet, des entretiens approfondis ainsi qu’une observation standardisée de l’interaction parent-enfant ont été menés avec des dyades composées de mères et d’un père et de leurs jeunes enfants présentant des niveaux variables de prosocialité limitée. Des méthodes qualitatives ont été employées pour analyser les données, incluant des analyses de cas simple et multiples, la méthode par théorisation ancrée ainsi que l’analyse thématique de contenu.
Les résultats éclairent la dimension de compréhension en mettant en évidence le contexte sociohistorique lié au phénomène, en soutenant la pertinence de distinguer les variants primaires et secondaires de la prosocialité limitée, et en précisant leurs manifestations cliniques spécifiques. La dimension d'évaluation est éclairée en démontrant la pertinence d'inclure un paradigme d'observation standardisé de l'interaction parent-enfant. La dimension d’intervention est informée par la précision des pistes d’intervention adaptées à chaque variant.
Cette thèse apporte une contribution significative à l'avancement des connaissances en psychologie clinique de l’enfant, en proposant des perspectives théoriques et pratiques originales. Les futures recherches pourront approfondir et affiner les résultats, dans le but de développer la recherche sur le sujet de façon plus ciblée en tenant compte des variants, ainsi que de proposer un accompagnement de l’enfant et sa famille toujours plus adapté, efficace et scientifiquement fondé.