Abstract :
[fr] Le déclin mnésique est l’une des premières manifestations de la maladie d’Alzheimer, faisant ainsi la cible des interventions de rééducation le plus précocement possible. La présente étude vise à explorer l’intérêt de la musique et de la métacognition comme stratégies d’apprentissage innovantes et pragmatiques chez des patients diagnostiqués avec un Trouble Cognitif Léger de type amnésique (aMCI pour « amnestic Mild Cognitive Impairment » en anglais). Bien que les mnémoniques musicaux, c’est-à-dire la présentation chantée d’informations à mémoriser, soient documentés dans la maladie d’Alzheimer, leur effet dans les stades prodromiques reste peu étudié (Derks-Dijkman et al., 2023). De manière inédite, nous avons combiné cette approche musicale à une composante métacognitive. Plusieurs études ont démontré le bénéfice du jugement métamnésique sur la mémoire, appelé effet de réactivité positive (Double et al., 2018). Cependant, à ce jour, seule une étude s’est intéressée à cet effet dans la population gériatrique (Tauber & Witherby, 2019), et aucune ne l’a exploré dans la réhabilitation mnésique. En s’inspirant du protocole de Simmons-Stern et al. (2012), nous avons invité un groupe de patients diagnostiqués avec un aMCI à la Clinique de la Mémoire (N = 22 actuellement sur 40 prévus) et un groupe contrôle de personnes âgées saines (N = 40) à écouter et mémoriser le contenu général et spécifique d’extraits de situations de la vie quotidienne, présentés soit en modalité chantée, soit en modalité parlée. Pour la moitié des participants, chaque extrait était immédiatement suivi d’un jugement métamnésique, ou « Judgment of Learning » (JOL). La phase d’encodage était ensuite suivie d’un test de reconnaissance immédiate du contenu général et spécifique. Bien que ces résultats doivent s’interpréter avec prudence en raison d’un échantillon incomplet, le contenu général des extraits chantés est, en moyenne, mieux reconnu que celui des extraits parlés chez les patients présentant un aMCI, mais pas chez les personnes âgées saines. La différence entre les modalités chantée et parlée n'est cependant pas suffisante pour témoigner d'un réel effet positif des mnémoniques musicaux. De façon plus prononcée, le JOL semble également offrir un avantage au sein du groupe clinique, avec des performances moyennes supérieures dans la condition JOL par rapport à la condition sans JOL pour la reconnaissance du contenu spécifique, mais pas général. Ces observations répondent partiellement à nos hypothèses initiales, et ne permettent pas de comprendre pleinement par quels mécanismes l’encodage musical et le jugement métamnésique peuvent améliorer la mémoire. Néanmoins, notre étude propose des pistes intéressantes pour les recherches futures et soutient le développement de nouvelles approches de rééducation mnésique.