Abstract :
[fr] Depuis une trentaine d’années, les chercheurs se sont intéressés à la facette affective de la psychopathie dans l’enfance, appelée callous-unemotional traits dans la littérature anglophone et traduite par prosocialité limitée dans la présente recherche. Plus récemment, la littérature a commencé à faire état de l’existence de deux variantes de prosocialité limitée. La variante primaire serait principalement sous l’influence de facteurs génétiques tandis que la variante secondaire serait principalement sous l’influence de facteurs environnementaux et ferait suite à l’exposition à des expériences traumatiques telles que la maltraitance. Ces deux variantes présentent des caractéristiques distinctes, et sont souvent différenciées selon le niveau d’anxiété dans la littérature actuelle. L’objectif principal de la présente recherche était d’accroître les connaissances concernant ces deux variantes dans l’enfance. Plus précisément, les études de la présente recherche ont porté sur un échantillon tout-venant d’enfants âgés de 4 à 9 ans. Dans un premier temps, la version française d’un questionnaire hétéro-rapporté évaluant la prosocialité limitée dans l’enfance a été validée. Sur base de ce questionnaire et des niveaux d’anxiété, la présente recherche a mis en évidence la possibilité de distinguer les deux variantes dès l’âge scolaire. Cependant, les enfants de la variante secondaire et ceux présentant uniquement un niveau élevé d’anxiété n’étaient pas distinguables dans la période préscolaire. Les différentes études ont révélé de nombreux points communs entre les enfants des deux variantes, notamment des déficits d’empathie affective et cognitive, des problèmes de comportements externalisés et d’attention, une désorganisation de l’attachement, une insouciance vis-à-vis de la performance, un manque d’expression émotionnelle ainsi que des niveaux élevés de chaos à la maison. Elles ont également permis de mettre en évidence des caractéristiques spécifiques à chaque variante. Ainsi, les enfants de la variante secondaire étaient caractérisés par des niveaux élevés de biais d’attribution hostile, d’agressivité ainsi que par un niveau socioéconomique faible, contrairement aux enfants de la variante primaire. Par ailleurs, ces études suggèrent l’existence de trajectoires développementales différentes chez les enfants des deux variantes. Cette recherche appuie l’importance de considérer ces variantes de manière séparée et de continuer à mener des études, notamment longitudinales. En effet, l’approfondissement des connaissances à propos de ces deux variantes permettra de mieux cibler les interventions thérapeutiques en fonction de leur profil.
[en] For the past 30 years, researchers have been interested in the affective dimension of psychopathy in childhood, named callous-unemotional (CU) traits. More recently, the literature has begun to focus on the existence of two variants of CU traits. The primary variant would be mainly under the influence of genetic factors while the secondary variant would be mainly under the influence of environmental factors and would follow exposure to traumatic experiences such as abuse. These two variants have distinct characteristics, and are often distinguished based on the level of anxiety in the current literature. The main objective of the present research was to increase the knowledge about these two variants in childhood. Specifically, the studies in this research involved a community sample of children aged 4 to 9. First, the French version of a hetero-report questionnaire assessing CU traits was validated. On the basis of this questionnaire and anxiety levels, we highlighted the possibility of distinguishing the two variants at school age. However, preschool children in the secondary variant were not distinguishable from children with only high levels of anxiety. The different studies have revealed many commonalities between the children of the two variants, including deficits in affective and cognitive empathy as well as high levels of externalizing behaviour and attention problems, disorganized attachment, lack of concern for performance, lack of emotional expression and high levels of home chaos. They also highlighted specific characteristics of each variant. For example, children within the secondary variant were found to have high levels of hostile attribution bias, more aggression, and low socioeconomic status in contrast to children in the primary variant. Furthermore, these studies suggest the existence of different developmental trajectories in children of the two variants. The current research supports the importance of considering these two variants separately and of continuing to conduct research, particularly longitudinal studies. Indeed, increasing the knowledge about these two variants will allow to better target therapeutic interventions according to the profile of each variant.
Institution :
ULiège - Université de Liège [Faculté de Psychologie, Logopédie et Sciences de l'Education], Liège, Belgium
