Abstract :
[fr] La Wallonie, comme beaucoup de régions d’Europe, fait face à des fermetures régulières d’abattoirs depuis plusieurs années, ce qui a pour conséquence d’augmenter les distances entre les fermes et les abattoirs et donc le temps de transport des animaux. Les abattoirs communaux qui effectuent des prestations de service dans l’intérêt général sont les premiers à souffrir du manque de rentabilité bien connu de cette étape de la filière. Leur disparition laisse place à des abattoirs qui se privatisent et se spécialisent, ce qui entraine le fait que les éleveu.r.se.s et particuli.er.ère.s avec de faibles besoins en abattage peuvent s’en voir refuser l’accès.
A côté de cela, on assiste à des préoccupations grandissantes en matière de bien-être animal et de marché local, à l’heure où des discussions sont menées à l’échelle de l’Europe pour légaliser l’abattage à la ferme. Ce dernier constitue une solution pour combler les manques de services d’abattage et en même temps améliorer les conditions des animaux avant leur mise à mort.
L’objectif de cette étude est d’identifier concrètement les opportunités de développement de l’abattage à la ferme en Wallonie pour les bovins, ovins/caprins, porcs et volailles et les éventuels freins à leur mise en place. Les recherches se concentrent d’une part sur le développement d’abattoirs mobiles, et d’autre part sur la mise à mort au sein de l’exploitation suivie du transport vers un abattoir agréé (fixe ou mobile). Elles se basent sur les expériences européennes actuelles ou passées en les appliquant au contexte wallon.
Différents scénarii à analyser ont été sélectionnés, sur base de ce qui est légalement et techniquement réalisable à l’heure actuelle. Pour chaque cas de figure, il s’agissait d’envisager les aspects économiques, sanitaires, environnementaux, sociaux et relatifs au bien-être animal. Les couts réels d’un service d’abattage à la ferme ont été chiffrés et les conditions de mise en place identifiées. Chaque possibilité étudiée est à l’heure actuelle confrontée à certains freins qui sont plus ou moins surmontables.
L’abattage à la ferme engendre dans presque tous les cas de figure un surcoût qui se répercute plus ou moins fortement sur le prix de la viande en fonction des espèces (poids carcasse), et dont la valeur rebute – ou pas – les éleveu.r.se.s intéressé.e.s par ce mode d’abattage, en fonction des filières.
De manière générale, l’abattage d’un faible nombre d’animaux ne peut justifier d’un point de vue économique le déplacement à la ferme d’un abattoir mobile et de son personnel. Ce scénario est adapté aux exploitations agricoles abattant davantage d’animaux par séance et donc plus souvent liées au circuit long. Une solution est cependant possible pour le circuit court. Afin d’optimiser les capacités d’abattage journalières d’un abattoir mobile tout en respectant le principe de l’abattage à la ferme, il est plus intéressant de faire stationner ce dernier sur un lieu stratégique vers lequel pourraient être acheminées des dépouilles d’animaux abattus provenant d’exploitations différentes.
La mise à mort à la ferme suivie par le transport de la dépouille à l’aide d’une unité mobile d’abattage (UMA) et prise en charge par un abattoir agréé (fixe ou mobile), récemment légalisée pour les bovins, porcs et solipèdes se heurte à des difficultés liées aux exigences sanitaires et législatives. Le délai maximal autorisé entre saignée et éviscération, pour lequel les autorités sanitaires sont plus strictes en Belgique que les exigences européennes, limite sa possibilité de mise en place. De plus, la responsabilité totale des abattoirs sur l’ensemble des opérations rebute l’implication des abattoirs fixes wallons, qui ne sont pourtant pas opposés au principe de ce mode d’abattage.
Certaines pistes de solutions et recommandations sont proposées pour pallier certains de ces freins. La présente étude pointe notamment la nécessité de soutien public pour le développement des différentes formes d’abattage à la ferme. Ceci afin qu’elles puissent effectuer des prestations de service et ainsi répondre à la demande wallonne actuelle principale, soit des petit.e.s éleveu.r.se.s aux faibles besoins d’abattage, souhaitant fournir une viande caractérisée par une qualité différenciée.
La mise en place d’un projet pilote, dans un premier temps, serait nécessaire pour établir des protocoles précis et évaluer la faisabilité des différentes solutions en termes d’organisation. Des études complémentaires seraient indispensables pour compléter les données de littérature existantes sur la plus-value d'un abattage à la ferme en termes de bien-être animal et qualité de la viande, mais également pour évaluer l’éventuel risque lié à une augmentation de délai entre la saignée et l’éviscération.
Name of the research project :
Réalisation d’une étude sur les opportunités de développement de l’abattage à la ferme en Wallonie