Abstract :
[fr] La métacognition – l’ensemble des processus par lesquels un individu surveille et régule ses performances cognitives – a, pendant longtemps, été considérée comme une compétence d’apparition tardive chez l’enfant. Récemment, cependant, plusieurs études ont mis en évidence un développement extrêmement précoce de processus implicites de monitoring métacognitif. A ce jour, la trajectoire développementale de ces capacités métacognitives précoces reste toutefois mal comprise. La présente étude avait pour objectif d’observer de manière longitudinale l’évolution de la métacognition implicite et explicite entre l’âge de 2,5 et 3,5 ans. Concrètement, 67 enfants âgés entre 29 et 33 mois se sont vu administrer une tâche de reconnaissance mnésique suivie d’une phase de jugement évaluant les capacités métacognitives implicites et explicites (T0). Après chaque item, l’enfant avait la possibilité de demander un indice pour l’aider à choisir sa réponse (mesure implicite). Un jugement de confiance rétrospectif (mesure explicite) sur la réponse était également posé. Douze mois plus tard, une seconde évaluation des capacités métacognitives implicites et explicites a été réalisée (T1). Lors du T0, l’exactitude des deux types de jugement était inférieure au hasard, suggérant une absence d’exactitude métacognitive à cet âge pour la tâche mnésique. Au T1, une amélioration significative de l’exactitude des processus de monitoring métacognitif était observée pour les deux types de jugements par rapport au T0. Cependant, les enfants de 3,5 ans se révélaient uniquement capables d’estimer leur fonctionnement mnésique avec une exactitude supérieure au hasard lorsqu’ils posaient des jugements à l’aide du paradigme implicite. Les analyses de régression montraient que les performances implicites au T0 prédisait uniquement les performances implicites au T1. De même, l’exactitude des jugements explicites à 2.5 ans prédisaient uniquement l’exactitude de ces jugements un an plus tard. En conclusion, cette étude longitudinale fournit des éléments en faveur d’une utilisation précoce de la métacognition implicite – vers l’âge de 3,5 ans – tout en confirmant le développement indépendant et plus tardif de la métacognition explicite.