Ni visionnaires, ni obsolètes : les récits d’anticipation dans l’histoire littéraire

La question de l’obsolescence appliquée au récit d’anticipation est un angle d’approche aussi complexe que fondamental, puisque les conditions d’étude de ce genre romanesque sont directement liées à la problématique de la temporalité et de ses limites. La péremption, comprise comme la disparition ou l’invalidation dans un délai donné, semble en effet inhérente au corpus des œuvres d’anticipation en raison, d’une part, des constructions rétrospectives qui ont tendance à faire disparaître celles-ci de l’histoire littéraire légitime et, d’autre part, de certaines caractéristiques liées à la poétique de ces textes qui mêle les strates temporelles. Que l’on considère la problématique sous l’angle institutionnel ou textuel, l’épreuve de la vérification par le calendrier semble être le lot de ces œuvres. Cet article propose d'y réfléchir en détaillant trois modes d'ancrage du texte : le discours médiatique, l'idéologie, le tropisme culturel.