François-Joseph Bélanger, architecte et "jardineur" auprès du prince de Ligne à Beloeil

Dans l’attente d’un inventaire des archives de la Maison de Ligne, le manque de sources historiques touchant le domaine de Beloeil – exception faite d’un beau plan en couleurs représentant les jardins de Beloeil et une suite de vues projetées des fabriques –, explique que le programme du jardin anglais du prince Charles-Joseph de Ligne a longtemps été approché presque exclusivement à travers ses écrits, en particulier le Coup d’œil sur Beloeil, édité à trois reprises (1781, 1786 et 1791). Le prince y évoque un programme à la fois ambitieux et éclectique dans le choix des thèmes et des dédicaces associé à des ambitions philosophiques et symboliques. Or, ces jardins ont en grande partie disparu (Baudour) ou sont restés inachevés (Beloeil) donnant à son œuvre écrite, a posteriori, une importance par trop considérable.
L’examen de nouvelles sources provenant des archives du château de Beloeil et de l’Université de Gand permet d’éclairer ponctuellement le programme d’aménagement des deux jardins où le prince a effectivement multiplié les constructions pittoresques (Baudour) et imaginé une scénographie éminemment symbolique (Beloeil). L’abondante correspondance de l’intendant général des biens du prince, Jacques-Ignace vanden Broucke, avec le prince lui-même et avec divers intervenants de terrain recèle quantité d’informations sur les embellissements réalisés dans ces deux domaines entre 1770 et 1780. Ces courriers contiennent divers détails touchant les chantiers de construction et de plantation, révélant quelques-unes des intentions du prince pour son château et ses jardins. Parmi les correspondants figure, dès 1769, l’architecte François-Joseph Bélanger, auteur d’un plan et de divers projets pour les fabriques du jardin de Beloeil, dont au moins un dessin signé a été retrouvé. Bélanger a également servi d’intermédiaire pour la commande d’arbres et arbrisseaux de collection provenant de pépinières à Paris.
L’analyse conjointe des écrits, plans et projets de fabriques dressés du vivant du prince et l’examen des constructions conservées permettent d’apporter des réponses quant aux intentions du prince, à un éventuel sens caché de leur mise en scène et à l’identité de leur(s) concepteur(s). Enfin de présenter quelques réflexions sur les constructions elles-mêmes et sur le rôle de l’architecte François-Joseph Bélanger en tant que concepteur et « jardineur » auprès de celui qui fut une des figures les plus originales de la société des Lumières dans les Pays-Bas méridionaux dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.