Abstract :
[fr] Le questionnement de départ de cette recherche est né des projets créatifs mis en place à l'asbl PARI, qui posaient fréquemment le problème pédagogique de l'éducation esthétique. Afin d'enrichir ces discussions, il me semblait nécessaire de savoir dans quelle mesure l’art, ou la beauté, ou l’esthétique, pouvaient intervenir dans l’éducation, et quels y seraient leurs effets. En cherchant des auteurs qui auraient affiné cette question, je trouvai Schiller et, moins immédiatement, Dewey, par l'entremise de Rancière et Kerlan. Le risque était de ne pas trouver, chez ces auteurs, de réponse satisfaisante à mon interrogation concernant le rôle que pouvait jouer l’esthétique dans l’éducation. J’ai longtemps pensé qu’il me faudrait conclure sur un constat d’échec. Mais il est apparu peu à peu que chacun à son rythme ils donnaient à cette problématique une réponse semblable.
C’est ainsi que le rôle proprement politique joué par l’esthétique, aussi bien chez Schiller, que chez Rancière et Kerlan, que finalement dans la pédagogie deweyenne, constitue sans doute l’élément de réponse le plus marquant à la question du rôle de l’esthétique en éducation.
Qu’elle permette la réforme individuelle et sociale nécessaire à l’avènement d’un État de la raison dans lequel chacun verrait dans la loi l’expression de sa propre volonté ; qu’elle soit en elle-même une politique, une suspension des modes du sentir qui permet une redistribution du partage du sensible qui a cours à un certain moment dans une certaine communauté ; qu’elle s’impose comme politique éducative de l’art et se place au croisement entre les valeurs individuelles et les valeurs communes, avec pour horizon de former autant des hommes que des citoyens ; ou enfin qu’elle enrichisse l’expérience personnelle au point de la rendre complète, permettant ainsi un enseignement plus efficace et une meilleure intégration par l’enfant des responsabilités et des dynamiques, et du caractère moral, nécessaires à l’avènement d’une démocratie parfaitement réalisée... En tous les cas elle semble pouvoir être considérée comme le plus sûr moyen d’action vers un développement personnel plus accompli, qui semble lui-même être l’agent le plus évident et le plus primordial de toute réforme politique et sociale.