Abstract :
[fr] Cette thèse a pour but de contribuer à l’étude phytochimique de Lantana camara Lin et Lantana rhodesiensis Moldenke, et de justifier leurs utilisations dans la médecine traditionnelle ivoirienne.
La première partie a consisté à la détermination de la composition chimique et à l’évaluation des activités biologiques de l’huile essentielle des organes de ces plantes. Les échantillons d’huile essentielle ont été obtenus par hydrodistillation et analysés par CPG-SM, CPG-FID-IR et RMN 13C. Les résultats ont montré que la composition chimique de l’huile essentielle des organes est majoritairement dominée par l’(E)-β-caryophyllène et l’α-humulène. Les monoterpènes tels que le thymol, le sabinène et le 1,8-cinéole y sont parfois majoritaires. L'analyse statistique des échantillons d’huile essentielle a révélé une variabilité de la composition chimique des organes. En outre, l'impact de la variabilité due au stade phénologique sur la composition de l’huile essentielle des organes de L. camara a été démontré. Il ressort que la proportion de thymol est plus élevée pendant les mois de floraison et de fructification intense. La variation chimique de l’huile essentielle de L. camara serait également liée aux facteurs biogéographiques et génétiques. L’huile essentielle des feuilles et des fleurs présente des activités insecticide, antioxydante et anti-inflammatoire intéressantes.
La deuxième partie a consisté à l’exploration phytochimique bio-guidée des organes de L. rhodesiensis. Le screening phytochimique a permis de mettre en lumière une plus grande richesse des feuilles en polyphénols et flavonoïdes. L’extrait des feuilles présente une activité antioxydante et antiplasmodiale plus élevée par rapport à l’extrait des tiges et des racines. Plusieurs fractions de l’extrait des feuilles ont révélé une activité antiplasmodiale intéressante (15 ˃ CI50 ˂ 3 µg/mL). À partir des feuilles, une nouvelle flavone (1) et trois autres flavones ont été isolés, il s’agit de : rhodescine ou 5,6,3’,5’-tétrahydroxy-7,4’-diméthoxyflavone (1); 5-hydroxy-6,7,3’,4’,5’-penta-méthoxyflavone (2); 5-hydroxy-6,7,3’,4’-tétramethoxy-flavone (3) et 5,6,3'-trihydroxy-7,4'-diméthoxyflavone (4). La structure de chacun de ces composés a été élucidée par les méthodes spectrales de RMN 1H, 13C, COSY, HSQC, HMBC et LC-MS. Les composés 1, 3 et 4 ont été identifiés pour la première fois à partir de cette espèce. Le pourcentage d’inhibition (%I) du radical DPPH de chaque composé (1mg/mL) a été déterminé. La rhodescine (1) (%I = 97,92 ± 0,20) présente un pourcentage d’inhibition proche de celui de l’acide ascorbique (%I = 98,50 ± 0,56) et de la quercétine (%I = 98,89 ± 0,74). Le pourcentage d’inhibition du composé 4 est moyen (%I = 61,77 ± 3,53) tandis que celui des composés 2 et 3 est faible.
Les résultats de ces travaux de recherche permettent de justifier l’usage de ces deux plantes dans la médecine traditionnelle, notamment dans le traitement du rhumatisme et de la malaria. Ces travaux ouvrent des perspectives sur d’autres investigations scientifiques qui pourraient aboutir à l’identification de nouveaux métabolites secondaires à potentialité antioxydante et antipaludique.