Impact des coopératives agricoles sur les conditions de vie des ménages ruraux au Burundi : Cas des coopératives agricoles de la Province de Ngozi (Nord du Burundi)

Les chercheurs contemporains s’accordent que les coopératives peuvent accroitre le bien-être économique et social des individus qui, seuls, ne pourraient pas créer leurs propres entreprises. Dès la décennie 20, le Burundi connaît en effet un essor coopératif impressionnant aussi bien quantitatif que qualitatif, essentiellement dans le secteur agricole (Ministère du plan et du développement communal, 2011). Toutefois, force est de constater que les résultats ont toujours été insuffisants pour améliorer signifiativement les conditions de vie de la population rurale au Burundi (PNUD, 2016). En effet, sous la dimension monétaire, on dénombre en milieu rural, 2,5 fois plus de pauvres qu’en milieu urbain [68,8% contre 27,6% en 2014] et sous la dimension non monétaire, il y a 11 fois plus de pauvres en milieu rural qu’en milieu urbain (Institut des statistiques et d’études écononomiques du Burundi [ISTEEBU], 2015). L’objectif de notre étude est ainsi d’évaluer les changements apportés par la coopérative agricole en faveur des producteurs en nous appuyant sur l’analyse des avantages socio-économiques qu’offre une stucture de modèle coopératif (FAO, 2002). La réalisation de cette étude combine trois méthodes, notamment l’exploitation documentaire, les entretiens semi-directifs avec les différents acteurs du mouvement coopératif (les responsables nationaux des 3 organisations faîtières susdites, 12 coopérateurs et 4 présidents des 4 coopératives oeuvrant dans la commune de Busiga) et l’enquête à base d’un questionnaire sur 45 personnes aléatoirement choisies dans 4 coopératives agricoles de la commune de Busiga en province de Ngozi, ainsi qu’une enquête sur un échantillon de 30 personnes pris comme groupe témoin et n’appartenant à aucune organisation coopérative ou associative. Les résultats montrent que la production a progressé positivement pour toutes les cultures chez le groupe des coopérateurs (p=0,002 [haricot], p=0,0016 [maïs], p=0,0123 [pomme de terre]) à l’exception de celles du manioc et du riz. La disparité de production entre les 2 groupes d’agriculteurs est expliquée par les services offerts par la coopérative. Les résultats indiquent également qu’en recourant au stockage communautaire à la coopérative, les avantages sont la lutte contre le vol et l’usure, la valorisation de la production (accès au crédit warranatage) et la jouissance de bonnes conditions de conservation. Par ailleurs, transformer une partie de la production à la coopérative confère des avantages de gain sur le prix de service, la qualité du produit et le développement de l’esprit coopératif. En effet, la mouture du maïs ou du manioc coûte relativement moins cher (40Fbu/kg) par rapport au moulin privé de la localité (60Fbu/kg); ce qui leur permet d’économiser environ 20Fbu par 1 kg moulu. Les résultats indiquent aussi que l’écart d’accès aux soins de santé d’à peu près 13% entre les deux groupes découlent d’une formation et de l’initiation de l’assurance santé communautaire dans les coopératives agricoles.