[fr] A partir des définitions de la perception selon le Nyāya (Nyāyasūtra 1 1 4) et laMīmāṃsā (Mīmāṃsāsūtra 1 1 4),on aborde un chapitre de la Prakaraņapañcikā de Śālikanātha(750-820), où celui-ci discute du mot avyapadeśa « non énonçable » utilisé par ses prédécesseurs.
Pour ce trio de penseurs, la question est : est-ce que la perception est l’appréhension d’un objet préalablement à toute nomination ou bien la nomination est-elle indispensable à une perception correcte.
Pour les logiciens du nyāya, le mot crée la connaissance de l’objet même sans le modifier matériellement et l’objet n’est pas reconnu sans être énonçable (avyapadeśya) .
Selon le penseur Vācaspatimiśra (an mil) avyapadeśya indique que la perception échappe à la sphère conceptuelle et accède aux objets abstraction faite de leurs noms, qu’en d’autres mots, elle opère avec des matériaux extramentaux càd non construits par l’esprit En revanche le grammairien Bhartṛhari déclare que le préconceptuel n’est pas dépourvu de noms et que la connaissance découle du contact objet-sens du mot. Un troisième intervenant prêche pour la combinaison d’un apport extérieur et d’un nom.
La même problématique se retrouve chez Jayantabhaṭṭa , au livre 2 de la Nyāyamañjarī, où un débat long et filandreux met aux prises les « Anciens logiciens », les « Maîtres » (Ācārya’s), les « Interprètes » (Vyākhyātṛ’s), un « Adversaire » (Para), un « Autre » (Apara) et « d’Autres » (Anye = les Bouddhistes). Tous ont leur mot à dire dans un débat sans guère de fil conducteur et qui échoue à trancher la question fondamentale : la perception est-elle différente de la sensation ?