Soigner le cancer au XVIIIe siècle. Triomphe et déclin de la thérapie par la ciguë dans le Journal de médecine

En 1761, la Gazette salutaire donnait un article intitulé « De la ciguë ». On y apprenait « que Mr. Storck, célèbre médecin de Vienne (…) avait eu le succès le plus complet de ce remède si nouveau et si inattendu, pour fondre différentes sortes de tumeurs ». Störck « croyait même pouvoir se flatter de triompher, par son moyen, du mal le plus cruel et le plus opiniâtre de tous, du cancer». Il venait de publier un Petit livre qui montre que la ciguë peut non seulement être utilisée en interne, mais aussi qu’elle constitue en même temps un remède très utile dans de nombreuses maladies réputées impossibles à guérir.
On inscrit la « découverte » de Störck dans les archives du traitement par la ciguë et dans « l’horizon d’attente » suscité par des expériences de traitement du cancer au moyen de la belladone. On analyse la « machine d’accréditation » mise en oeuvre. On considère les dizaines d’ « Observations » adressées au Journal de médecine, du « temps de la découverte » à l’époque des doutes et des échecs. On s’attache au traitement du cancer du sein, à quelques « oncologues » du 18e siècle, au cas du cancer chez les religieuses, à la circulation du « levain cancéreux » et à la question de la naissance de la clinique selon Michel Foucault.