Morale et conscience chez Dom Gerberon

Dom Gabriel Gerberon (1628-1711) publie en 1688 un petit ouvrage in-12 intitulé La Règle des mœurs contre les fausses maximes de la morale corrompue. Ce volume s’intègre dans la longue polémique autour de la casuistique et du probabilisme. Il défend vigoureusement la position des rigoristes, en parfait accord avec l’argumentation pascalienne et port-royaliste. Mais le but que poursuit Gerberon dans son ouvrage n’est pas de rédiger un abrégé de morale pratique. L’auteur entend plutôt analyser de manière critique les différents principes, critères et moyens par lesquels les individus parviennent à la connaissance et à l’application des principes de morale. Gerberon met en évidence le rôle central de la conscience dans ce processus et s’attache à en détailler les tenants et les aboutissants. Au cours de son exposé, qui constitue un plaidoyer pour les droits de la conscience, il s’appuye sur les analyses thomistes classiques, mais en les rappelant dans un contexte polémique au sein d’un siècle absolutiste, il développe un discours audacieux, dont le caractère individualiste résonne d’accents port-royalistes.