De l'absence de figuration à la figuration de l'absence: Portraits de terroristes (Ruff, Richter, Feldmann)

Depuis l’émergence, au début des années septante, du terrorisme d’extrême gauche en Allemagne, le pays est secoué de façon cyclique par des polémiques relatives aux « années de plomb », des conflits et débats violents qui opposent d'ordinaire l'Etat et certains organes médiatiques atlantistes, conservateurs ou d'extrême droite, à la foule de ceux qui, pour de multiples raisons, désapprouvent la guerre menée par l’Etat contre les terroristes. Cette polarisation affecte rapidement les champs de la philosophie, du droit, des sciences historiques, politiques et sociales ou encore de la littérature, du cinéma et de l’art contemporain en général. Or il est frappant de constater que, hier comme aujourd’hui, dans les médias, ces conflits, débats et polémiques s’articulent moins autour de questions politiques de fond, qu’autour de faits, difficiles à avérer, et surtout de leurs représentations, essentiellement photographiques et cinématographiques, qui alimentent les accusations et les attaques de l’un ou l’autre camp, bon nombre d’images servant même simultanément d’argument à charge aux deux camps. Afin de déterminer la part de "responsabilité" de la photographie dans ces incessants conflits, et d'imaginer corolairement une échappatoire à son rôle polémiste, cette communication s'intéresse plus particulièrement à la polémique provoquée par les débats autour des conditions de détention des prisonniers de la RAF.