Abstract :
[fr] La présente thèse de doctorat s’inscrit dans le cadre de l’étude de la production de charbon de bois dans la zone rurale de Lubumbashi, considérée comme le principal bassin d’approvisionnement de la ville. Cette activité y est confrontée à de nombreuses contraintes qui affectent sa durabilité. C’est dans ce contexte qu’a été initiée cette étude, dont l’objectif général est d’analyser la production de charbon de bois dans la zone rurale de Lubumbashi, dans une dynamique de professionnalisation et de structuration des acteurs. À l’issue des enquêtes, du suivi des meules dans les villages Luisha, Maksem, Mwawa et Sela, ainsi que du suivi de la commercialisation sur les différents lieux de vente, l’analyse socioéconomique a révélé que la carbonisation constitue l’activité économique la plus exercée dans la zone rurale de Lubumbashi (50,8 %). Les charbonniers professionnels sont majoritaires (58,8 %). Ils sont en majorité jeunes (âge moyen de 41,3 ans), composés à 97 % d’hommes et à 89,6 % d’allochtones. L’analyse du système de production a montré que les charbonniers professionnels accèdent principalement à la terre par achat (55 %) et possèdent de grandes superficies. Le rythme de déforestation est estimé à 0,05 hectare par mois. Lors de l’exploitation des ressources forestières, la majorité ne respecte aucun critère d’abattage des arbres, notamment en ce qui concerne la sélection des essences (55 %). Les meules construites sont de grande taille, avec un volume moyen de 46,9 ± 21,5 m³, et un rendement de carbonisation estimé à 10,2 %. L’étude des corrélations montre que les principaux déterminants du rendement de carbonisation sont : la longueur de la meule (R² = 0,671), la largeur de la meule (R² = 0,670), le nombre de jours de couverture (R² = 0,604). Selon l’Analyse des Correspondances Multiples, d’autres facteurs influencent également le rendement : l’espèce d’arbre utilisée, le type de substrat sur lequel la meule est construite, ainsi que son orientation par rapport au vent. La commercialisation du charbon de bois produit dans la zone rurale de Lubumbashi est rentable. Le profit est influencé par le prix de vente ainsi que par les différents coûts, selon l’analyse des corrélations. L’évaluation de la performance économique montre que la vente du plus grand sac (environ 57 kg) est la plus rentable : elle génère en moyenne un profit de 661 062,18 CDF (soit 322,47 USD) par meule, avec une marge bénéficiaire de 0,66 et un ratio bénéfice/coût de 1,96. Le prix de vente, les coûts et même les profits varient cependant selon le lieu de vente. La régression logistique binaire a révélé que l’appartenance à des associations informelles dépend souvent de la capacité des charbonniers à rendre des services à leurs collègues. Des liens de proximité ont également été observés, favorisant l’entraide entre charbonniers, notamment en termes d’équipements et d’échange d’informations.
Il ressort de ces résultats que la production de charbon de bois tend à se professionnaliser, bien que les pratiques restent majoritairement traditionnelles. Cette évolution accentue la pression exercée sur la forêt claire de miombo autour de Lubumbashi, malgré l’organisation informelle des charbonniers en des associations.
Ainsi, la formalisation des associations de charbonniers s’avère nécessaire pour améliorer l’organisation de leur production, à travers l’adoption de pratiques de carbonisation durables, notamment celles visant l’optimisation des rendements. Une telle structuration permettrait de renforcer la commercialisation, d’augmenter les revenus des producteurs et de réduire la pression exercée sur la forêt claire de miombo.
