Étude contrastive sur l’emploi à valeur d’inférence auditive : les verbes d’audition involontaire "entendre" et "kikoeru" en français et en japonais contemporains
Yoshitake, Daiki
2025 • In Actes des Journées de linguistique, 1, p. 118-132
Yoshitake, Daiki (2024) Étude contrastive sur l’emploi à valeur d’inférence auditive - les verbes d’audition involontaire entendre et kikoeru en français et en japonais contemporains, Actes des JDL, vol.1.pdf
[fr] Le verbe "entendre" en français désigne la compréhension, et il peut aussi représenter la compréhension incarnée par la perception auditive. Cette signification, appelée inférence auditive, est généralement associé à la simulation, une forme de fictivité, et rappelle une construction spécifique en japonais où le verbe d’audition involontaire "kikoeru" est combiné avec un élément grammatical exprimant la comparaison métaphorique (ex. yōni, mitaini). Cette recherche vise à mettre en évidence, par une comparaison entre le français et le japonais, une caractéristique inédite des emplois à valeur d’inférence perceptuelle, à savoir que les verbes 𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 en français et "kikoeru" en japonais n’expriment pas directement l’inférence perceptuelle, mais le font au sein de constructions intégrant des marqueurs linguistiques spécifiques. L’analyse s’appuie sur les corpus "Frantext" (17 836 occurrences du verbe 𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦) pour le français et "Balanced Corpus of Contemporary Written Japanese" (500 sur 9 151 occurrences du verbe "kikoeru") pour le japonais. Deux méthodes d’analyse ont été utilisées : l’analyse multidimensionnelle des similarités a été réalisée à l’aide du logiciel statistique "KH Coder 3", tandis qu’une analyse manuelle a permis de caractériser les emplois à valeur d’audition involontaire et de compréhension auditive. L’inférence auditive est plus fréquente avec le verbe "kikoeru" en japonais qu’avec le verbe "entendre" en français. Toutefois, en français, la subordonnée introduite par la conjonction "comme si", par rapport à la subordonnée introduite par la conjonction 𝘲𝘶𝘦, tend à s’employer plus fréquemment pour l’expression de l’inférence auditive. Cette recherche montre que, malgré une fréquence d’usage plus élevée de l’inférence auditive avec "kikoeru" en japonais, des similitudes existent avec "entendre" en français, notamment via la subordonnée introduite par la conjonction "comme si ". Ces résultats suggèrent un mécanisme cognitif partagé entre les deux langues pour l’expression de l’inférence perceptuelle, contribuant ainsi à une meilleure compréhension des liens entre la perception, la simulation et les constructions linguistiques dans une perspective contrastive.
Étude contrastive sur l’emploi à valeur d’inférence auditive : les verbes d’audition involontaire "entendre" et "kikoeru" en français et en japonais contemporains