Abstract :
[fr] L'objet du colloque dans les actes duquel parait ce texte est la donnée du temps et l'espace telle qu'elle est signifiée-ou pour le dire mieux : traitée-par une langue, en l'occurrence l'égyptien ancien. Mon propos sera on ne peut plus décalé par rapport aux objectifs de cette rencontre. En effet, je voudrais explorer ici les phénomènes du temps et l'espace avant que les langages ne s'en emparent. Le temps et l'espace non pas comme phénomènes physiques, mais comme phénomènes sémiotiques. Entre l'espace (et le temps) comme données physiques et l'espace (et le temps) tels qu'ils sont traités par les langues, il y a en effet une autre chose : le sens que le sujet donne à l'expérience spatiale, à l'expérience du temps. Ce sens est certes modelé par la langue au sens strict, comme le veut toute la tradition sur laquelle on a déposé un peu vite le label Sapir-Whorf ; et modelé, il l'est en l'occurrence grâce à des ressources qui sont propres au langage en général (comme la séquentialité de celui-ci), ressources que les langues particulières modulent de diverses manière, grâce à des outils spécifiques (comme les prépositions spatiales ou temporelles, certains affixes ou certaines flexions spécialisées, les temps verbaux et les aspects). Mais le sens donné à l'expérience spatio-temporelle est aussi modelé par notre capacité à informer les données du monde, et cela indépendamment de nos langages au sens strict, et donc antérieurement au travail de ceux-ci. Pour être plus précis, je dirais qu'entre le temps et l'espace comme phénomènes physiques et le temps et l'espace des langues, il y a non pas un intermédiaire, mais des intermédiaire, ordonnés le long d'un continuum où opèrent une série de transductions. Pour schématiser ceci, qui vertébrera mon exposé, je distinguerai : (1) le temps et l'espace