Abstract :
[fr] Cette communication rend compte d'une enquête exploratoire, à la fois méthodologique et communicationnelle, autour des circulations "virales" de la parole scientifique en sciences humaines et sociales. Elle se consacre à l’analyse d’une sélection d’articles publiés sur The Conversation (France), soit, une scène d’énonciation à la fois médiatique et scientifique, associant une promesse de large diffusion — déjà décelable par le seul intitulé du média — à une instrumentation technique à même de la stimuler.
The Conversation en tant que dispositif se distingue en effet par une instrumentation favorisant les partages et les republications à grand échelle (licences CC libérales, boutons de partage, etc.), tout comme leur quantification. À cet égard, l’organisation est outillée d’un compteur de vues pour chaque article publié, qui doit l’accompagner dans les espaces de republication. Elle identifie également les médias partenaires republiant ces contenus. Notre corpus se compose des articles ayant obtenu le plus de vues sur le mois de février 2022, l’organisation ayant accepté de nous communiquer les données dont elle disposait sur ce point. Sur cette base, nous étudions les formes et langages médiatiques caractérisant ces articles, leur plasticité en tant qu’elle favorise la circulation, mais également les lieux au sein desquels ils se trouvent republiés, et de quelle manière — soit, avec quelles opérations de ré-énonciation, de recontextualisation et d’annotations/commentaires éventuelles. Nous recourrons pour ce faire aux outils de l’analyse du discours numérique et médiatique, ainsi qu’aux recherches en sciences de l’information et communication sur les médias informatisés. L'hypothèse envisagée est que cette politique favorisant les republications — et donc, ouvrant potentiellement la voie à une viralité des articles — entend proposer un récit autre, prenant le contrepied des représentations courantes d’une viralité dysphorique associée aux fake news : celui d’une viralité euphorique favorisant la circulation des connaissances et le dialogue sur une base informationnelle fiable dès lors qu’elle est estampillée d’une autorité scientifique. Nous interrogeons pour terminer la dimension "virale" de cette circulation de la parole scientifique dans des espaces tiers.