La culture comme vecteur de construction et de différenciation de l'Etat : vers un Etat de l'émancipation ?

Lors de la Conférence de la paix de 1919, une délégation de nationalistes arabes, présidée par l’émir Fayçal, porte un projet d’unité politique des provinces arabes de l’Empire ottoman. Or, à l’issue de cette Conférence, projet est un échec et les provinces arabes sont partagées entre les puissances européennes. Certains historiens imputent notamment cet échec à l’absence de structuration politique d’un projet nationaliste arabe essentiellement culturel . Néanmoins, je montrerai qu’une telle absence n'empêche pas nécessairement la réalisation d’un nationalisme sous la forme d’un Etat et, qu’en l’espèce, cette absence est une conséquence du discours de légitimation du nationalisme arabe, fondé sur des rapports historico-culturels au pouvoir et à l’espace, différents de ceux des Européens. En naît un malentendu qui empêche tout rapprochement des points de vue arabes et européens. Sur cette base je considère que l’échec de la délégation est moins à trouver dans l’absence de structuration politique du projet que dans le discours de légitimation de l’appropriation spatiale que constitue l’Etat. Ces démonstrations m’amèneront, en conclusion, à interroger la possibilité de constituer un Etat « de l’émancipation ».