Le 'tableau des bûchers' et sa fonction communautaire dans la littérature bézienne de l’exil (1550-1554)

In Gallia nihil frequentius fidelium incendiis, écrit Théodore de Bèze au pasteur Ambroise Blaurer en 1554. Dans plusieurs textes poétiques et satiriques des années 1550 également, la plume de Bèze peint au vif un tableau noir et traumatique de son pays d’origine. Le royaume de France est défini, en substance, comme une terre d’afflictions où brûlent les bûchers des fidèles. Parmi les différentes fonctions de ce motif littéraire, l'identification des réformés français à une nouvelle 'patria' constitue notre focale. La nouvelle patrie est entendue, d’une part, en termes géographiques – la Suisse réformée devient la terre-refuge du nouveau Peuple élu – et, d’autre part, en termes ecclésiaux – Bèze s’adresse au « petit troupeau », affirmant l’appartenance des exilés à une communauté nouvelle rassemblée autour de l’expérience commune de la souffrance dans la foi, 'sub Cruce'.