[fr] Lacassain-Lagoin (2022) a comparé trois emplois entre les verbes 𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 en français et 𝘩𝘦𝘢𝘳 en anglais : la perception auditive, l’inférence perceptuelle, la cognition (uniquement en français). En ce qui concerne le premier, selon Hatakeyama (2014), le verbe d’audition involontaire 𝘬𝘪𝘬𝘰𝘦𝘳𝘶 en japonais exprime le mouvement fictif de l’objet de perception. Le deuxième emploi représente la compréhension réalisée par l’audition, exprimée par les constructions 𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 𝘲𝘶𝘦 … en français et … 𝘺ô𝘯𝘪 𝘬𝘪𝘬𝘰𝘦𝘳𝘶 en japonais (« entendre qch. comme (si) … »).
La présente recherche vise à proposer une nouvelle prédisposition sous-jacente des verbes d’audition involontaire en analysant l’emploi d’audition et l’emploi d’inférence perceptuelle comparant le français et le japonais.
L’analyse s’appuie sur les corpus 𝘍𝘙𝘈𝘕𝘛𝘌𝘟𝘛 (7836 𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦) et ORFÉO (1809 𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦) pour le français et sur les corpus 𝘉𝘊𝘊𝘞𝘑 (9151 𝘬𝘪𝘬𝘰𝘦𝘳𝘶), 𝘊𝘚𝘑 (581 𝘬𝘪𝘬𝘰𝘦𝘳𝘶) et 𝘊𝘌𝘑𝘊 (170 𝘬𝘪𝘬𝘰𝘦𝘳𝘶) pour le japonais.
Pour le point différent, le complément de point de départ exprimant la source de perception est plus compatible avec 𝘬𝘪𝘬𝘰𝘦𝘳𝘶 en japonais qu’avec 𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 en français. Pour le point commun, à part la construction 𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 𝘲𝘶𝘦 … en français, les deux langues utilisent parfois un schéma syntaxique identique : 𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 𝘲𝘤𝘩. 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦 (𝘴𝘪) … en français et … 𝘺ô𝘯𝘪 𝘬𝘪𝘬𝘰𝘦𝘳𝘶 en japonais.
Le premier résultat montre que 𝘬𝘪𝘬𝘰𝘦𝘳𝘶 en japonais se caractérise par le mouvement fictif de l’objet de perception, ce qui apporte la différence de la transmission d’informations entre les deux langues. Le deuxième montre que la construction 𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 𝘲𝘤𝘩. 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦 (𝘴𝘪) … en français, qui exprime la compréhension fictive, prendrait la place du continuum entre l’audition involontaire et l’inférence perceptuelle ainsi que la construction … 𝘺ô𝘯𝘪 𝘬𝘪𝘬𝘰𝘦𝘳𝘶 en japonais. Dans la perspective de la linguistique cognitive, cette typologie témoignerait clairement la propension générale du verbe d’audition involontaire à se diriger vers le sens de la compréhension.