Développement des céréales pérennes comme culture multifonctionnelle pour la diversification des systèmes de culture

L’agriculture européenne est reconnue pour son haut niveau de rendement et de productivité. Parallèlement à un effort
important de sélection et d’amélioration variétale dans la seconde moitié du 20e siècle, cette productivité s’explique par un degré
important de spécialisation et d’intensification des systèmes de cultures. La simplification écologique de ces systèmes conduit à de
nombreux problèmes environnementaux et à une sensibilité accrue aux aléas climatiques et économiques. Récemment, le
développement de la recherche sur les céréales pérennes, issues de graminées vivaces, propose une voie de diversification et
d’amélioration des performances environnementales des rotations. La valorisation d’un couvert pérenne et de l’activité racinaire qui lui
est associé offre des atouts indéniables pour la protection et la fertilité des sols. Bien qu’encore partiellement domestiquées et
proposant des rendements en grain plus faibles que les céréales annuelles, l’utilisation de certaines populations de Thinopyrum
intermedium ((Host) Barkworth & D.R. Dewey) est prometteuse en raison de leur capacité à combiner une production de grains et de
biomasse fourragère. L’amélioration variétale et le développement d’idéotypes plus adaptés aux situations climatiques européennes et
plus performants pour la production de grains représentent un enjeu majeur. Les premières années d’expérimentation en France et en
Belgique ont permis d’identifier les principaux paramètres de croissance et de rendement de cette espèce. La production de grains
varie entre 0,5 et 2 tonnes par hectare et est complétée par une production de matière sèche fourragère atteignant jusqu’à 11 tonnes
MS par hectare. Dès la deuxième année, la biomasse racinaire produite est très supérieure aux standards annuels et influence
positivement les caractéristiques structurales et microbiologiques du sol. La capacité de repousse post-récolte offre une valorisation
additionnelle de fourrage. A ce jour, la phase d’implantation sensible à la concurrence des adventices (plante juvénile), l’induction des
périodes phénologiques d’élongation et de floraison, l’influence des conditions d’alimentation hydrique et minérale et la gestion des
valorisations fourrage-pâturage sont des objets de recherches développés dans le cadre d’un programme multipartenarial coordonné
par l’ISARA