Jean-François Clément Morand et l'usage du charbon à Liège au 18e siècle

Alors que les regards de l’Europe du 18e siècle sont habituellement tournés vers Paris qui donne le ton, notamment en matière d’architecture, ce n’est pas le cas pour le charbon. Son usage à des fins domestiques n’y trouve en effet pas bonne publicité. Son emploi dans le logis est désapprouvé, évoquant sa mauvaise odeur, le danger pour la santé… alors que la cheminée est déterminante dans le confort de l’habitation, et que le bois devient rare en France. Dès lors, afin de promouvoir son utilisation, l’Académie des Sciences de Paris soumet à un médecin une recherche visant à statuer sur les avantages et inconvénients du charbon comme combustible domestique. Jean-François-Clément Morand (1726-1784) s’intéresse ainsi aux pays producteurs de charbon (Angleterre, Allemagne, quelques provinces françaises…) et s’arrête longuement dans la région liégeoise pour y observer nos pratiques. De ses recherches sortiront notamment L’art d’exploiter les mines de charbon de terre (1768-1779), dans la série des Descriptions des arts et métiers, avec une réédition condensée, en 1780, à Neufchâtel. Le médecin consacre de nombreuses pages à la « perfection de la méthode liégeoise » en matière d’utilisation et de préparation du charbon pour le chauffage et la cuisine. Les ouvrages de Morand diffuseront non seulement les pratiques liégeoises mais également les termes associés à ce savoir-faire autour de la houille: tout un vocabulaire propre, souvent issu du wallon.