Abstract :
[fr] Le diagnostic des patients ayant survécu à de graves lésions cérébrales et se trouvant en état de conscience altérée est un véritable défi, pour diverses raisons éthiques et médicales. Pour situer le patient sur le continuum entre le coma et l’émergence de l’état de conscience minimale, le premier outil dont disposent cliniciens et chercheurs est l’évaluation clinique. Le but de la présente thèse est d’apporter des améliorations substantielles à ce niveau, et de fournir des recommandations pragmatiques pour les évaluations comportementales. Un premier volet concerne la Coma Recovery Scale-Revised, l’échelle la plus adaptée et largement recommandée pour évaluer les patients en état de conscience altérée. Nous avons mis en évidence que, comme suggéré dans la littérature, l’état des patients fluctuait, et que la répétition des évaluations était nécessaire. Cinq évaluations sur un court laps de temps (10 jours) permettaient d’obtenir un diagnostic fiable. Nous avons également montré que certains items de la Coma Recovery Scale-Revised étaient plus fréquemment observés, à savoir le mouvement sur demande, la poursuite visuelle, la fixation, la réaction motrice automatique et la localisation des stimulations nociceptives. Par ailleurs, une évaluation réduite aux cinq items les plus fréquents pouvait détecter 99% des patients en état de conscience minimale. Le deuxième volet de la thèse s’est concentré sur l’évaluation d’un de ces items fréquents : la poursuite visuelle. Nous avons défini des recommandations claires sur le stimulus à utiliser et les axes à évaluer : le miroir s’est indéniablement révélé être le plus efficace, comme déjà suggéré, mais aucune supériorité absolue d’un axe n’a été mise en évidence. Nous avons investigué la raison de l’efficacité du miroir, jusqu’alors considérée comme due à l’aspect autoréférentiel. Nous avons montré que l’utilisation d’unxiv Résuméstimulus purement autoréférentiel (photo du visage du patient) ne permettait pas d’atteindre la même efficacité que le miroir, suggérant que les caractéristiques physiques du miroir (brillance et dynamisme) intervenaient dans l’attirance pour le miroir. Cependant, un stimulus aussi brillant et dynamique mais sans reflet du propre visage ne se révélait pas parfaitement aussi efficace qu’un miroir. Ces résultats suggéraient que le miroir était efficace grâce à la combinaison de ces différents aspects, et non uniquement parce qu’il s’agissait du propre visage. De façon générale, les études sur la poursuite visuelle souffraient toujours d’un manque de mesures objectives, et nous avons cherché un moyen de pallier à cela. Après avoir enregistré les mouvements oculaires et le déplacement du miroir devant le visage du patient, nous avons entraîné une machine à correctement classer chaque mouvement comme étant suivi ou non. La référence était définie par trois experts qui avaient scoré les vidéos de poursuite visuelle. Nous avons également montré que l’évaluation au chevet du patient se révélait erronée pour environ 10% des patients, confirmant bien le besoin de mesures objectives de la poursuite visuelle.