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Abstract :
[fr] La recherche d’une santé optimale est une préoccupation majeure des cavaliers, propriétaires, entraîneurs et vétérinaires qui souhaitent optimiser les performances de leurs chevaux. En effet, la pleine expression du potentiel athlétique des chevaux ne peut être atteinte que lorsque tous les systèmes impliqués dans l'effort sont efficients. Des anomalies subtiles peuvent suffire à altérer les performances des chevaux et, dans certains cas, ces anomalies ne se manifestent que dans des conditions identiques ou proches de la compétition, ce qui peut contribuer à compliquer l’établissement d’un diagnostic précis. En outre si de nombreuses recherches se sont déjà attachées à déterminer les pathologies sub-cliniques responsables de contre-performance chez les trotteurs, galopeurs et plus rarement chez les chevaux de selle, aucune ne s'était jusqu'à présent intéressée au cheval d'endurance, pour lequel l'évaluation de la condition physique et de l'état de santé repose encore souvent sur l'avis subjectif des propriétaires ou cavaliers plutôt que sur des données objectives.L'objectif de la première partie de ce travail était de déterminer la prévalence des affections médicales sub-cliniques associées à une baisse de performance chez le cheval d'endurance et d'en évaluer les répercussions sportives par la comparaison des réponses physiologiques à l'exercice de chevaux souffrant de problèmes sub-cliniques et de chevaux d'endurance sains.Dans un premier temps, différents tests diagnostiques ont été mis au point. Si la plupart étaient des tests déjà bien rodés et utilisés, pour certains, en routine en médecine sportive (examen clinique complet, analyses hémato-biochimiques au repos et 1 heure après chaque test d'effort, échocardiographie Doppler, test de fonction pulmonaire, endoscopie des voies respiratoires avec lavage trachéal et broncho-alvéolaire), il s'est avéré nécessaire de mettre au point un test d'effort sur piste spécifique au cheval d'endurance.Le test d'effort sur piste proposé a été comparé à un test sur tapis roulant pour évaluer la condition physique du cheval d'endurance. Ces tests ont permis de déterminer des paramètres sportifs tels que les V160, V200 et VLA4 chez des chevaux d'endurance et de discriminer des chevaux sains de différents niveaux de compétition. Si le test d'effort au tapis roulant nécessite de déplacer les chevaux jusqu'à un centre disposant de l'équipement spécifique nécessaire, le test d'effort sur piste est beaucoup plus accessible aux cavaliers et peut être aisément intégré à leur programme d'entraînement.Grâce aux tests mis au point, nous avons examiné trois groupes de chevaux (performants, contre-performants et intolérants à l'effort) dans cinq conditions physiologiques différentes (au repos, pendant et après un effort standardisé de terrain, pendant et après un effort standardisé sur tapis roulant). Un diagnostic de pathologie sub-clinique a été posé chez tous les chevaux en baisse de performance et 67% de ces chevaux présentaient plusieurs affections simultanées.Les problèmes sub-cliniques les plus fréquents chez ces chevaux d'endurance étaient les affections respiratoires profondes (85,2% des chevaux contre-performants), suivies par les problèmes musculaires (25,9%), locomoteurs (14,8%) et cardiaques (7,4%). Les tests d'effort se sont révélés être très utiles. D'une part ils ont permis de mettre en évidence des désordres passés inaperçus au repos: apparition de boiteries après plusieurs minutes d'exercice, observation d'arythmies cardiaques à l'effort révélées par ECG, développement de myopathies sub-cliniques induites par l'exercice (augmentation des valeurs d'enzymes musculaires post-effort) et visualisation de l'existence d'un déséquilibre oxydants/antioxydants (diminution importante des valeurs de superoxyde dismutase en post-effort chez les chevaux intolérants à l'effort). D'autre part ils ont permis une mesure objective des conséquences négatives de pathologies sub-cliniques sur les capacités athlétiques des chevaux d'endurance: les VLA4, V160 et V200 étaient plus élevées chez les chevaux sains et performants, et les fréquences cardiaques en récupération plus basse chez ces mêmes chevaux.La myopathie d'exercice, un phénomène régulièrement rencontré lors de courses d'endurance, est apparue, selon les résultats de notre précédente étude, comme étant la 2è pathologie sub-clinique la plus fréquemment rencontrée chez des chevaux d'endurance en baisse de performance. L'objectif de la 2ème partie de ce travail était d'investiguer la fonction musculaire de chevaux d'endurance au travers d'une étude transcriptomique afin de mieux comprendre l'origine et la mise en place des mécanismes moléculaires d'adaptation « normaux » à l'effort de type endurance. Nous avons analysé les variations de l'expression de gènes induites par l'entraînement d'une part, et par la course d'autre part, dans les fibres musculaires de quatre chevaux d'endurance sains. L’entraînement a induit une diminution d’expression de 11 gènes différents et une augmentation de l’expression de 14 gènes. Ces modifications d'expression géniques allaient dans le sens d'une favorisation de l’utilisation de corps cétoniques comme carburant énergétique et de la respiration mitochondriale, d'une induction de l’angiogenèse et d'une réorganisation structurelle du tissu musculaire. Les gènes modifiés étaient également impliqués dans la protection du tissu musculaire contre les stress métabolique et oxydant, et dans l’augmentation des réponses immune et inflammatoire. La course a induit une diminution de l’expression de 68 et une augmentation d’expression de 220 gènes. Elle a eu comme effet majeur de favoriser une épargne du glucose en tant que substrat énergétique en augmentant l’expression de gènes favorisant l’utilisation et l’importation au sein des cellules musculaires d’acides gras et augmentant la lipolyse, la néoglucogenèse et la biogenèse mitochondriale. La course a également induit des modifications d'expression de gènes impliqués dans des phénomènes de modification de la matrice extracellulaire et du tissu musculaire à proprement parler, dans la réparation des dommages musculaires et de l’ADN, dans la gestion du stress oxydant, et induisant une augmentation des réponses immune et inflammatoire.Ce travail comprenait une évaluation clinique et fonctionnelle de chevaux d'endurance performants et en baisse de performance. Les études menées ont permis de proposer une démarche diagnostique spécifique aux chevaux d'endurance, d'établir la prévalence des affections médicales sub-cliniques chez ces derniers et d'en évaluer l'impact sportif par l'intermédiaire des réponses physiologiques à l'exercice. Les modifications d’expression génique observées au sein des fibres musculaires de chevaux d'endurance sains lors de cette étude ont permis une meilleure compréhension des mécanismes physiologiques d’adaptation à l’effort d’endurance et pourraient servir de base de comparaison pour une étude ultérieure investiguant des chevaux souffrant de désordres musculaires.