Keywords :
analyse du discours; discours scientifique; rhétorique scientifique; praxéologie; linguistique du discours; épistémologie de la linguistique; analyse automatique du discours; théorie des opérations énonciatives; histoire de la linguistique; sémiotique scientifique; mathématicité; philosophie des mathématiques; épistémologie
Abstract :
[fr] Nous étudions les modalités discursives du faire science dans les théories du discours, en France, de 1960 à 1980, spécifiquement chez Antoine Culioli, Michel Pêcheux et Jean-Claude Milner, en nous appuyant sur un corpus de texte qui reprend l’ensemble de leurs publications, dans la période circonscrite, et dont nous en étudions extensivement quatre: La formalisation en linguistique, d’Antoine Culioli, L’analyse automatique du discours de Michel Pêcheux, L’amour de la langue de Jean-Claude Milner et La langue introuvable de Michel Pêcheux et Françoise Gadet. Le faire science s’entend comme l’ensemble des paramètres légitimant comme scientifiques les pratiques, les connaissances subséquentes et, plus largement, l’épistémè des auteurs. Aussi, il nous semble que les auteurs étudiés poursuivent un double objectif : (1) faire science de façon galiléenne en mobilisant des pratiques d’écriture que l’on pourrait qualifier de simili-mathématiques qui s’inscrivent dans une idéologie scientifique spécifique ; (2) mettre ce faire science au service d’une théorie qui se veut matérialiste et critique. Pour en rendre compte, nous proposons une problématisation critique de l’historiographie linguistique, à laquelle échappent les spécificités de notre objet, et un travail théorique sur la notion de formalisation mathématique et de galiléisme, articulée à une analyse du fonctionnement de la légitimation scientifique, auquel répond cette formalisation. Nous étudions spécifiquement La formalisation en linguistique du point de vue de l’éthos consubstantiel au faire science, de l’interdiscours qui le constitue et de l’imaginaire dans lequel il s’inscrit ; nous prolongeons notre travail en analysant l’AAD69 afin de mettre au jour le projet gnoséologique dans lequel il s’inscrit et le fonctionnement discursif du faire science qui y répond, en envisageant l’aspect énonciatif subjacent, en ce compris les aspects éthotiques. Enfin, nous étudions, dans une perspective historique et gnoséo-discursive, l’échec du programme des théories du discours dont il est question, en envisageant la critique milnérienne du faire science galiléen en linguistique, à travers l’étude de L’amour de la langue, et la réponse quasi pamphlétaire de Michel Pêcheux et Françoise Gadet dans La langue introuvable. Cette dernière analyse nous permet de synthétiser les apports précédents et d’envisager les modalités discursives du faire science selon une lecture que nous qualifions de praxéographique.