Abstract :
[en] Increasing pressure on natural resources due to urbanization has worsened the living conditions of Lubumbashi's inhabitants. To survive, city dwellers resort to informal income-generating activities such as urban agriculture. Unfortunately, the production practices adopted do not guarantee crop yields, the sanitary quality of vegetables or the preservation of the environment. This gloomy state of affairs does not prevent development support projects from thinking about the challenges of development through sustainable local agriculture, by promoting agricultural innovations. The general aim of this study is to determine the conditions for sustained adoption of agricultural innovations by market gardeners in Lubumbashi, in order to guide policies and strategies for disseminating innovations in urban agriculture, which is confronted with an inoperative institutional or organizational framework.
Data collection was organized into three separate sets of surveys, focusing respectively on the economic performance of Chinese cabbage production and marketing (the main vegetable crop), the factors behind sustained adoption of innovations, and the role played by informal mutual aid networks.
Respondents were selected at random. The first series of surveys, carried out between April and August 2019, involved 537 farmers and 374 vendors, whose data were used to assess the economic performance of Chinese cabbage production and marketing. This is the largest survey ever carried out in Lubumbashi's market gardening perimeters. The second data collection focused on sustained adoption factors for innovations. Carried out between April and August 2020, it targeted 202 farmers among the respondents from the previous survey. Finally, the third survey, focused on mutual aid, mobilized the participation of 88 farmers from the samples trained for the two previous surveys.
Results showed that market gardeners in Lubumbashi grew 3.7 (σ =1.3) ares of Chinese cabbage in monoculture and obtained a low daily income of 2.8 euros, 2.5 times less than that of vendors (7.1 euros). Daily income is positively and significantly influenced by area sown (r2 = 0.6223) and production (r2= 0.7981). All other things being equal, the market gardener would need to cultivate an area of 10.6 ares in order to generate a daily income of 9.25 US dollars and enable each member of his household to be at the regional poverty line of 1.25 US dollars. In the context of land pressure, our results underline the need to strengthen farmers' production systems through innovative techniques.
The results of the second survey show that there are contrasting factors and obstacles to the sustained adoption of the two innovations studied. The motor pump requires a substantial investment, while integrated soil fertility management requires a change in practices. Moreover, land tenure status, diversification of income sources, membership of an association and access to credit positively and significantly influence sustained adoption of the motor pump, while informal mutual aid networks, membership of an association and access to credit positively and significantly influence sustained adoption of integrated soil fertility management.
The results of the third survey revealed that 79.5% of respondents used informal mutual aid networks. Over the course of a production cycle, each market gardener solicits help from more than a dozen other producers. This help takes the form of the sharing of production resources or agricultural know-how, the frequency and intensity of exchanges of which enable us to distinguish four categories as follows: highly exchanged resources with a high intensity of exchange (hoes, watering cans, phytosanitary products and chicken droppings), highly exchanged resources with a low intensity of exchange (land capital, spades and seeds), lightly exchanged resources with a low intensity of exchange (motorized pumps and buckets) and non-exchanged resources (financing, labor, chemical fertilizers). In terms of shared know-how, soil preparation, soil fertility management, pest control and sales techniques are widely shared.
Our analysis shows that informal mutual aid networks are powerful, low-cost communication channels that can support the dissemination and sustained adoption of agricultural innovations. The study recommends that political authorities and development support projects take into account the sustained adoption factors identified, as well as informal mutual aid networks, when devising strategies for disseminating agricultural innovations to urban agriculture in developing countries, which is often characterized by inoperative institutional or organizational frameworks.
[fr] La pression croissante sur les ressources naturelles en raison de l'urbanisation a dégradé les conditions de vie des habitants de Lubumbashi. Pour survivre, les citadins ont recours à des activités informelles génératrices de revenus telles que l'agriculture urbaine. Malheureusement, les pratiques de production adoptées ne garantissent pas les rendements des cultures, la qualité sanitaire des légumes et la préservation de l'environnement. Ce constat, peu reluisant, n'empêche pas les projets d'appui au développement de penser aux enjeux du développement par une agriculture locale durable, en promouvant des innovations agricoles. L'objectif général de cette étude est de déterminer les conditions d'adoption pérenne des innovations agricoles par les maraîchers de Lubumbashi, afin d'orienter les politiques et stratégies de diffusion des innovations en agriculture urbaine, confrontée à un cadre institutionnel ou organisationnel inopérant.
La collecte des données a été organisée en trois séries d'enquêtes distinctes, portant respectivement sur les performances économiques de la production et de la commercialisation du chou chinois (principale culture maraîchère), les facteurs d'adoption pérenne des innovations et le rôle joué par les réseaux informels d’entraide.
Les répondants ont été sélectionnées de manière aléatoire. La première série d'enquêtes, réalisée entre avril et août 2019, a concerné 537 agriculteurs et 374 vendeurs, dont les données ont permis d'évaluer les performances économiques de la production et de la commercialisation du chou chinois. Il s'agit de la plus grande enquête jamais réalisée dans les périmètres maraîchers de Lubumbashi. La deuxième collecte de données a été centrée les facteurs d'adoption pérenne des innovations. Réalisée entre avril et août 2020, elle a ciblé 202 agriculteurs parmi les répondants de la précédente. Enfin, la troisième enquête, ciblée sur l’entraide, a mobilisée la participation de 88 agriculteurs issus des échantillons formés pour les deux précédentes enquêtes.
Les résultats ont montré que les maraîchers de Lubumbashi cultivent 3,7 (σ =1,3) ares de chou chinois en monoculture et obtiennent un faible revenu journalier de 2,8 euros, soit 2,5 fois moins que celui des vendeurs (7,1 euros). Le revenu journalier est positivement et significativement influencé par la superficie emblavée (r2 = 0,6223) et la production (r2= 0,7981). Toutes choses restant égales par ailleurs, le maraîcher devrait cultiver une superficie de 10,6 ares afin de générer un revenu journalier de 9,25 dollars américains et permettre à chaque membre de son ménage de se situer au seuil de pauvreté régional de 1,25 dollars américains. Dans le contexte de la pression foncière, nos résultats soulignent la nécessité de renforcer les systèmes de production des agriculteurs par des techniques innovantes.
Les résultats de la deuxième enquête démontrent que les facteurs et les obstacles liés à l'adoption pérenne des deux innovations étudiées sont contrastés. La motopompe requiert un investissement substantiel, tandis que la gestion intégrée de la fertilité des sols exige un changement de pratiques. En outre, le statut foncier, la diversification des sources de revenus, l'appartenance à une association et l'accès au crédit influencent positivement et significativement l'adoption pérenne de la motopompe tandis que les réseaux informels d'entraide, l'appartenance à une association et l'accès au crédit influencent positivement et significativement l'adoption pérenne de la gestion intégrée de la fertilité des sols.
Les résultats de la troisième enquête ont révélé que 79,5% des enquêtés ont eu recours aux réseaux informels d'entraide. Ainsi, au cours d’un cycle de production, chaque maraîcher sollicite l’aide de plus d’une dizaine d’autres producteurs. Cette aide prend la forme de partage de ressources de production ou de savoir-faire agricole dont la fréquence et l’intensité des échanges permettent de distinguer quatre catégories comme suit : les ressources fortement échangées à forte intensité d'échange (houes, arrosoirs, produits phytosanitaires et fientes de poulet), fortement échangées à faible intensité d'échange (capital foncier, bêches et semences), faiblement échangées à faible intensité d'échange (motopompes et seaux) et non échangées (financement, main d'œuvre, engrais chimiques). Concernant le partage du savoir-faire, les techniques de préparation des sols, de gestion de la fertilité des sols, de lutte contre les ravageurs et de vente sont largement partagées.
Il ressort de notre analyse que les réseaux informels d'entraide constituent de puissants canaux de communication, peu coûteux et susceptibles de soutenir la diffusion et l’adoption pérenne des innovations agricoles. L'étude recommande aux autorités politiques et aux projets d'appui au développement de prendre en compte les facteurs d'adoption pérenne identifiés ainsi que les réseaux informels d'entraide dans l'élaboration des stratégies de diffusion des innovations agricoles à destination de l'agriculture urbaine des pays en développement, souvent caractérisée par des cadres institutionnels ou organisationnels inopérants.