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Abstract :
[fr] Le vieillissement ne semble pas influencer la phénoménologie subjective des souvenirs, malgré une réduction de la quantité de détails épisodiques objectivement récupérés en mémoire (Duarte et al., 2006 ; 2008). Cette observation pourrait suggérer un changement progressif des éléments sur lesquels se reposent les jugements phénoménologiques (Johnson et al., 2015), les jeunes ayant tendance à se baser davantage sur les détails épisodiques propres à l’événement, et les sujets plus âgés davantage sur des éléments externes et sémantiques (Levine et al., 2002). Cette étude explore cette hypothèse à l’aide d’une nouvelle tâche écologique d’évaluation des souvenirs de la vie quotidienne.
Méthode. Durant une semaine, 66 participants âgés de 19 à 80 ans (M=39.51 ; ET=16.98) ont répondu à des questions envoyées 5 fois par jour sur leur smartphone via l’application m-path. Ces questions concernaient l’activité qu’ils étaient en train de réaliser, leurs émotions, le lieu où ils se trouvaient, les personnes présentes, mais aussi la valence, fréquence, importance, durée et mémorabilité de l’évènement. A la fin de la semaine, 5 évènements ont été sélectionnés selon leur mémorabilité et leur importance. En réponse à des mots indices, les sujets devaient alors rappeler ces événements avec un maximum de détails. Cinq caractéristiques phénoménologiques associées à chaque souvenir étaient ensuite évaluées (voir Berntsen et al., 2019) : la vivacité, la cohérence, la reviviscence, la représentation de la scène, et les détails visuels.
Résultats. Nous avons examiné l’influence de l’âge, de l’exactitude des éléments rapportés, de la spécificité des éléments internes, et de la quantité d’éléments externes rapportés, sur les différentes facettes de la phénoménologie. Les résultats ont démontré que la récupération de détails internes spécifiques à l’évènement prédit principalement les aspects visuels de la phénoménologie, alors que la récupération d’éléments externes et sémantiques influence davantage la cohérence, le sentiment de reviviscence et la vivacité des souvenirs. Néanmoins, contrairement à notre hypothèse, aucune interaction avec l’âge n’a été observée.
Conclusion. Il semblerait que les différents facteurs composant la phénoménologie des souvenirs ne soient pas tous prédits par les mêmes variables. Ces différences pourraient expliquer la dissociation observée avec la performance objective mesurée via la quantité de détails internes, cette dernière ne prédisant que les éléments plus visuels de la phénoménologie des souvenirs. Toutefois, ce résultat ne semble pas, à ce stade, pouvoir expliquer l’accentuation de la dissociation entre mémoire objective et subjective généralement rapportée dans la littérature dans le vieillissement. L’intérêt de cette tâche pour l’évaluation clinique de la mémoire sera également discuté.