Un coup de Majesté manqué. Henri III aux États généraux de Blois (16 et 18 octobre 1588)

Des États généraux qui se tiennent à Blois d’octobre 1588 à janvier 1589, on ne retient généralement que l’assassinat des Guises commandité par Henri III (23 et 24 décembre 1588), qui précipite la révolte de la Ligue catholique contre le roi. Or, pour ce dernier, la convocation de l’assemblée est la première étape d’un plan minutieusement préparé, qui vise à reconquérir un pouvoir contesté par les catholiques zélés, et qu’on a aujourd’hui oublié. Lors des deux premières séances des États, bien qu’il affronte une assemblée majoritairement composée de ligueurs, le Valois prend personnellement la parole et encadre celle des autres acteurs afin de déployer de nombreux stratagèmes visant à accroître ses prérogatives régaliennes. Onze textes diffusés par les imprimeurs royaux portent la trace vive de ce projet ambitieux, captivant, bien documenté et pourtant méconnu. Leur analyse et leur édition permettent de reconstituer la richesse du débat politique et religieux entre Henri III et la Ligue avant que l’assassinat des Guises ne devienne l’unique sujet de la polémique catholique, de révéler comment le roi négocia afin d’atteindre les objectifs qu’il s’était fixés, de plonger au cœur de l’exercice concret du pouvoir par le monarque, et enfin d’identifier les biais par lesquels l’art oratoire et l’imprimé furent exploités par la monarchie dans sa tentative de reprise du pouvoir face à la Ligue.