Abstract :
[fr] Dans cet article, nous souhaitons relire l’apprentissage des catégories grammaticales dans les enseignements secondaire et supérieur en Belgique francophone à l’aune de plusieurs notions de linguistique, d’une démarche d’enquête et d’une double approche cohérente liant morphosyntaxe et contextualisation discursive (Barbazan, éd., 2011). Face au constat de la nécessité d’un réinvestissement du sens grammatical dans les apprentissages (Van Raemdonck et alii 2011 et 2022), nous voulons proposer un modèle simplifié fondé, d’une part, sur une transposition de l’analyse en constituants immédiats (non sur son application stricte) et, d’autre part, sur une approche signifiante, notamment énonciativiste, des textes littéraires et des usages empiriques (oraux) produits par des locuteurs et des locutrices authentiques. Bien qu’ils soient inscrits dans un cadre disciplinaire distinct, mobilisant une analyse iconique des diagrammes grammaticaux utilisés en classe de secondaire, nous renvoyons aux travaux doctoraux en cours de N. Gregov (2023) et à la recherche qu’il mène sur la transposition didactique des diagrammes grammaticaux (Gregov et Mazziotta 2024). Le dialogue que nous avons développé avec ces travaux en didactique de la grammaire doit donc être couplé au postulat d’une didactisation de l’analyse du discours telle que nous la pratiquons (Franck 2025, à paraitre). L’objectif est de montrer que, grâce à quelques notions de linguistique structurale et discursive, il est possible de réaliser une multitude de jugements de grammaticalité sans se limiter à une démarche scolaire consistant à faire de la grammaire pour de la grammaire, dans une logique normative et décontextualisée (Combettes
1982). Cette démarche peut être entreprise au service du savoir-lire et du savoir-écrire, les deux principaux piliers des programmes scolaires parmi les quatre macro-compétences menées en 2000, 2014, 2018 et 2022. Elle est aussi fondée sur la nécessité que les apprenants soient autant producteurs que récepteurs (analystes) de discours authentiques, compris dans toutes leurs subtilités explicites et implicites. L’ambition n’est donc nullement de proposer au corps enseignant un énième modèle à suivre ni de retourner à une grammaire pour elle-même, mais d’initier une réelle approche critique, originale et fondée sur l’observation méthodique d’une grammaire contextuelle des usages (le fameux « moins de grammaire et moins tôt mais plus de grammaire et
plus tard » selon M. Wilmet (2001 : 14)).