Érasme et la mort

Erasme de Rotterdam (1469-1536) a pratiqué durant toute sa vie la méditation de la mort. Plusieurs de ses œuvres en sont profondément marquées. Son De praeparatione ad mortem, composé dans la tradition des artes moriendi, annonce et préfigure ce que sera sa propre mort. « Celui qui a bien vécu ne peut avoir une mauvaise mort » avait-il dit. Il précise que les derniers sacrements, aussi respectables qu'ils soient, ne sont pas indispensables au chrétien qui n'a pas de fautes graves à se reprocher. L'absence d'un prêtre à son chevet lors de ses derniers instants ne fait pas de lui un « chrétien sans Eglise ». En demeurant fidèle jusqu'à la mort à la ligne qu'il s'était tracée, Erasme n'étonne aucun de ceux qui connaissent son anticonformisme, son horreur des cérémonies en même temps que son attachement à l'essentiel.