De la vulnérabilité de l'ingénieur, à l'ingénieur au service de la vulnérabilité

L’exposé abordera la « vulnérabilité de l’ingénierie », perçue ici à travers la réticence à (re)tisser des liens avec les sciences humaines et sociales. Deux prismes essentiels seront brièvement convoqués pour expliquer cette vulnérabilité : (i) une posture épistémologique positiviste qui, historiquement, a complexifié le rapprochement avec la composante humaine du « problème » à résoudre et (ii) une trop lente évolution de la modélisation même de ce « problème », aujourd’hui perçu comme « mal défini » (ou « wicked » selon Rittel et Webber), mais encore trop longtemps considéré sous l’angle déterministe et procédural. Plusieurs exemples illustreront les conséquences de cette vulnérabilité, dans des domaines aussi variés que la rénovation énergétique, la gestion de crise ou l’aménagement du territoire. Nous considérerons ensuite les effets d’une ingénierie qui décide, à contre-pied, de se mettre « au service » de certaines vulnérabilités, en particulier ici celles associées au vieillissement. Se nourrissant cette fois (au lieu de les tenir à distance) de modèles issus des sciences humaines et sociales, nous détaillerons comment cette forme émergente d’ingénierie hybride facilite le développement de solutions et d’innovations centrées sur les besoins réels de l’usager. Nous clôturerons par la mise en débat de cette « ingénierie des usages », censée éclipser in fine une vision essentiellement techno-centrée de l’artefact conçu au profit d’une approche plus inclusive, systémique et résiliente.